► APERÇUS PHILOSOPHIQUES

Chaque jour est Achoura et chaque terre Kerbela

Sommaire

> Aux origines du Chiisme

> Les différents courants du Chiisme

> Chiisme et politique 

 

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> Voir aussi Imago dei

Les chiites considèrent l’interdiction de la représentation de la figure humaine est infondée - dès lors qu’elle n’apparaît pas dans le saint Coran, - et elle leur paraît plutôt remonter à la période pré-islamique, les théologiens musulmans lui ayant donné un caractère religieux. On peut aussi estimer que cette interdiction, qui n’est pas absente de la sainte Bible, appartient au pur monothéisme sémitique. 

 

 

                La profession de foi musulmane consiste dans l’attestation de l’Unicité de Dieu - " Il n’y a de dieu que Dieu ", " Lâ ilâha illâ Allâh " - complétée par l’attestation selon laquelle Mohammed est son prophète - " et Mohammed est Son prophète ", - "wa Mohammadan rasûl Allâh ". C’est la profession de foi sunnite, la profession de foi chiite y ajoute la formule : « et ‘Alî est l’ami (walî) de Dieu». En fait, comme les musulmans sunnites, les chiites reconnaissant le saint Coran, et le hadith (recueil des dits de Mohammed), mais y ajoutent des recueil de traditions distinctes : les Quatre livres dont deux du sheikh Mohammed al-Tusi (1067) ainsi que d’autres ouvrages comme les dits de ’Alî (« La voie de l’éloquence ») d’une part et les paroles des saints Imams d’autre part.

"Crainte" et Amour

              L’islam, en la personne de son prophète, combine deux tendances (ou deux mystères) : la « Crainte » et l’Amour, déterminant deux attitudes religieuses incarnées respectivement par Aïshâ, Abû Bakr, Omar et Othman d’une part, et par ‘Alî, Fâtima, Hasan et Hoseyn, d’autre part.

              Les premiers représentent la dimension « sèche », celle de l’efficacité terrestre, la Crainte, c’est-à-dire l’obéissance à la Loi et la crainte du châtiment, et d’une certaine manière l’exotérisme de la religion. Les seconds représentent l’Amour ou l’esprit, et donc l’ésotérisme. Les premiers incarnent le sunnisme, les seconds, le chiisme. C’est l’opposition entre la haqîqat (la religion spirituelle) & la sharî’at (la religion littérale). Et le garant de la religion spirituelle, c’est l’Imam.  

Ce qu’est un Imam

Il est le « guide » nécessaire après la clôture du cycle de la Prophétie, il est le médiateur entre Dieu et les hommes, un pont entre le visible et l’invisible, il est infaillible pour pouvoir guider les hommes, il est investi par Dieu ou par un autre Imam. Il est, enfin, un intercesseur pour tous les hommes (dimension du pèlerinage).  

La doctrine des cycles

           > nobowwat (la prophétie) & walayat (la « sainteté »)

           Le cycle de la prophétie étant désormais clos avec la mort du prophète de l’Islam, (depuis Adam, Noé et jusqu’à Jésus), commence un nouveau cycle, qui est en quelque sorte l’ésotérisme de la prophétie. Walayat a la même racine que walî, c’est-à-dire ami, comme dans l’expression awliyâ allâh, i.e. les amis ou les aimés de Dieu que sont les prophètes et les Imams.  

 L’herméneutique

 > zâhir (l’extérieur) & bâtin (l’intérieur)

Le saint Coran comporte deux niveaux de compréhension, le littéral ou exotérique, et le caché ou ésotérisme. L’Imam est celui qui initie à l’ésotérisme, il est un « Coran vivant », un Coran « parlant », le Coran étant « muet »  

Dimension eschatologique du chiisme

           L’équilibre entre zâhir et bâtin selon les chiites duodécimains est à distinguer de la précellence du bâtin sur le zâhir, autrement dit de l’Imamat sur la prophétie, des Ismaéliens, avec ce que cela entraîne comme conséquences dans l’observance de la shariat. C’est la célèbre proclamation de la Grande Résurrection, à Alamut, le 8 août 1164, anticipant le retour du 12ème Imam (ou du 21ème chez les ismaéliens « légitimes »), venant « rassasier le monde de justice et de vérité comme il a été rassasié d’injustice et d’iniquité ». Mais pour la majorité des chiites la dimension eschatologique du chiisme, c’est l’attente du Retour pour la Justice, incarné par la personne de l’Imam caché, de l’Imam attendu qui révèlera enfin le sens caché de toutes les traditions religieuses.

> Le mois de Muharram

Le « mois sacré » par lequel commence l’année liturgique. Le 10 du mois de Muharram est l’Achoura, jour anniversaire du martyre de Hoseyn : « Chaque jour est Achoura et chaque terre Kerbela », dit un Imam. La célébration de l’Achoura donne lieu dans tout le monde chiite à des représentations théâtrales (les tazieh) et à de terribles cérémonies expiatoires (flagellations, etc.).

> Le pèlerinage      

Certes, comme pour tous les musulmans, le pèlerinage à La Mecque (le Hajj), mais aussi les « lieux saints », partout finalement où un héros chiite a connu le martyre et la mort : de Kerbela, tombe de Hoseyn, à Téhéran, tombe de l’ayatollah Khomeyni. Parmi ces lieux de pèlerinage : Najaf (mausolée de ‘Alî), Mashhad (sanctuaire de l’Imam Rezâ (VIII), Qom, mausolée de la sœur de l’Imam Rezâ, Fatima Ma’suma (la pure),

Et à Téhéran, le mausolée de l’imam Khomeyni depuis 1979.