Wigwams
des Fuégiens à Port-Espérance dans le canal Madeleine
Mont
Sarmiento
Île
de Wollaston près du Cap Horn
"La Terre-du-Feu, ainsi
nommée à cause de la fumée que les premiers explorateurs virent, de loin,
s'élever des huttes des indigènes, est située par les 53° et 56 °
degrés de latitude australe, 67° 50' et 77° 75' de longitude
occidentale" "Quand
on est près de la côte, on aperçoit plusieurs bras de mer qui coupent
la terre dans toutes les directions et qui communiquent avec les grands
golfes situés derrière les îles du large. On voit les montagnes
voisines de la mer très-boisées du côté de l'Est, tandis que du côté
de l'Ouest, qui est exposé aux vents dominants, elles sont tout à fait
stériles. Ces montagnes sont rarement couvertes de neige, parce que les
vents de mer et la pluie en amènent promptement la fonte. Les brumes sont
rares dans ces parages, mais une température pluvieuse et sombre,
accompagnée de vents violents, y règne presque toujours. Le soleil s'y
montre fort peu; le ciel, même dans les plus beaux jours, est couvert et
nuageux."
"On
comprend de quelle importance est aujourd'hui le détroit de Magellan pour
pénétrer dans l'Océan Pacifique. Nul doute, en conséquence, que d'ici
à quelques années, cette précieuse communication entre les deux mers ne
soit aussi connue que les autres points reculés du globe. Peut-être
même quelque puissance européenne songera-t-elle à fonder sur ces
rives, dans l'intérêt du commerce, un établissement sérieux. Le triste
sort de la colonie du Port Famine, est sans doute un douloureux
précédent, mais on en saurait rien conclure pour l'avenir. On a vu des
établissements se maintenir et même prospérer dans des lieux bien plus
inhospitaliers que le détroit de Magellan, et des colons intelligents
pourraient tirer un parti avantageux des ressources qu'offrent en poisson,
en gibier, en eau potable et en bois, les innombrables baies de
l'extrémité sud de la Patagonie."
"Leurs cabanes, ou wigwams, ont la forme d'un pain de sucre. Elles
sont faites de longues branches fixées circulairement dans le sol,
réunies à leurs extrémités supérieure par des joncs et recouvertes de
broussailles. deux ouvertures y sont ménagées, l'une du côté de la
mer, l'autre du côté des bois. Le foyer occupe le centre de la hutte, et
la remplit constamment d'une épaisse fumée...""Les femmes ont
le pénible soin de ramer sur mer, et les
hommes ne les remplacent que quand elles sont exténuées de fatigue. A
elles sont dévolues toutes les occupations du ménage. Ce sont elles, par
exemple, qui, munies d'un panier et d'un bâton pointu, un sac de peau
de guanaque sur le dos, vont détacher des rochers et des brisants,
découverts par la marée descendante, les coquillages qui composent le
mets principal de ce peuple." |