Parmi les
femmes romantiques allemandes,
telles
Bettina Brentano
et
Caroline von Günderode, Sophie (von Kühn) et Diotima
(Susette Gontard) continuent de briller dans le ciel du romantisme
allemand, aux côtés d'une autre étoile que
Nerval poursuivit jusqu’à sa mort tragique :
Sophie, Diotima, Aurélia, formant la constellation de
ces femmes qui éclairent le Ciel au-delà du ciel, la
vraie patrie de ces poètes divinement inspirés,
que furent Novalis, Hölderlin et
Nerval.
Voir
Femmes
romantiques allemandes
Sophie von Kühn
"Aussi, grands dieux du
ciel, je veux vous rendre grâces,
et mon chant suppliant
s'apaise peu à peu.
Comme en ces jours
heureux où nous allions ensemble
causer sur la colline au
doux soleil de mai,
un dieu me parle au fond
de mon coeur qui tressaille.
Je veux vivre, il le
faut; déjà les prés sont verts,
du haut des monts
neigeux Apollon nous appelle.
Vois, tout n'était qu'un
songe, et nos ailes saignantes
ont refermé leurs
plaies, et l'espoir nous revient.
Combien de grandes
découvertes nous attendent!
Quand on s'est tant
aimé, on va, j'en suis certain,
on va sur le chemin
sacré qui mène aux dieux.
Guidez-nous maintenant,
ô vous, heures sacrées,
heures de la jeunesse,
instants graves et doux,
et vous, pressentiments,
ferveurs, saintes prières,
favorables esprits qui
protégez l'amour.
Demeurez avec nous
jusqu'au jour du revoir,
en ces lieux où les
morts aisément apparaissent,
là-haut dans le séjour
des aigles et des astres,
messagers de l'Éther;
d'où descendent vers nous
les Muses, les amants,
les héros, Ies poètes, -
ou peut-être en cette
île humide de rosée
où nous fleurirons tous
en un même jardin,
au pays bienheureux où
sont vrais les poèmes,
où dure plus longtemps
la beauté des printemps..
où s'ouvrira un nouveau
cycle de nos âmes."
Hölderlin, "Plaintes de
Ménon pleurant Diotima", 9 (traduction Geneviève
Bianquis)
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