"La chevelure défaite et
le sein poignardé, elle gît, blanche et belle, sur la
berge verte du Rhin; et le linceul dont elle s'est
secrètement enveloppée, c'est le grand souffle
mystérieux qui accompagne les fleuves puissants et
mâles. Elle avait vingt-six ans, et son amour déçu pour
le professeur Creuzer (qui a fait un mariage bourgeois)
l'a conduite à cette mort théâtrale, mais émouvante, et
sans doute longtemps caressée à l'avance. Est-ce sa
beauté, la sonorité magique de son nom, le parfum de
secret et d'intimité que laisse sa personne? Est-ce son
amitié avec Bettina, qui lui a consacré un livre où se
trouve sauvegardée l'image en vif de son âme? Toujours
est-il que cette Ophélie ensanglantée s'avance, la
première, ouvrant le long cortège des amantes funèbres
du Romantisme, où la suivent de près Henriette Vogel, la
commensale de Kleist à son festin de mort, et cette
Charlotte Stieglitz qui se tua pour donner du génie,
croyait-elle, à son mari." Armel Guerne
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NOVALIS
Novalis, deinen heiligen
Seherblicken
Sind aufgeschlossen aller Welten Räume,
Dir offenbart sich weihend das Gemeine,
Du schaust es in prophetischem Entzücken.
Du siehst der Dinge
zukunftsvolle Keime
Und zu des Weltalls ewigen Geschicken,
Die gern dem Aug' der Menschen sich entrücken,
Wirst du geführt durch ahn dungsvolle Träume.
Du siehst das Recht, das
Wahre, Schöne siegen,
Die Zeit sich selbst im Ewigen zernichten
Und Eros ruhend sich dem Weltall fügen;
So hat der Weltgeist
liebend sich vertrauet
Und offenbart in Novalis Dichten,
Und wie Narziß in sich verliebt geschauet.
Novalis, les espaces des mondes s’ouvrent
A tes regards sacrés de poète
visionnaire,
Tu es initié aux lois communes qui les
régissent,
Tu les découvres dans un ravissement
prophétique.
Tu vois l’avenir de toute chose en ses
germes annonciateurs
Et des rêves prémonitoires te
conduisent
A la connaissance des destinées
éternelles de l’univers,
Elles qui se soustraient d’ordinaire
aux regards du commun des mortels.
Tu vois le triomphe du droit, du Vrai,
du Beau,
Le temps qui s’anéantit lui-même dans
l’Eternel
Et Éros qui se repose, tout soumis à
l’Univers.
Ainsi à travers la poésie de Novalis,
se révèle
Cet esprit universel qui s’est confié
à lui avec amour,
Tel Narcisse énamouré de s’être
contemplé lui-même.
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