> Naissance, le
27 mai 1913 Son père
est Charles Monteil (1871-1949), receveur général des finances. Il "m'a appris
à aimer l'Afrique", dira de lui Vincent Monteil. C'est aussi un ami de
Francis Jammes. L'HOMME
D'ADMIRATION
"Vous êtes le franc-tireur,
l'enfant perdu, qui ravivez chez moi le désir
d'évasion hors du monde." Louis Massignon
Louis
Massignon
C'est "mon
père [qui] m'a envoyé à Massignon comme son propre père l'avait envoyé à J.-K.
Huysmans". Leur première rencontre, rue Monsieur, au domicile de
Louis Massignon, aura lieu le 26 avril 1938.
Louis
Massignon compte ainsi parmi les "admirations" de Vincent Monteil, et il lui restera
fidèle, même après sa conversion à l'Islam qui lui fera relire avec d'autant plus de
lucidité l'uvre de son aîné : il en témoignera dans sa biographie de L.M. : Le
Linceul de feu.
Le
général de Gaulle Autre
"admiration" : le général de Gaulle qui lui adressera cette lettre :
"Mon cher
Vincent Monteil,
Je vous remercie
de m'avoir adressé votre livre les Musulmans soviétiques, que j'ai lu avec
grand intérêt. Vous y découvrez une partie presque inconnue du monde et vous la faites
découvrir aux autres. On voit, en vous lisant, que tout se tient dans l'univers islamique
et que le problème des problèmes c'est le destin de l'Islam. Laissez vous faire mon bien
sincère compliment.
Et veillez
croire, mon cher Vincent Monteil, à mes sentiments bien cordiaux."
L'imâm Khomeini
"Le ci-devant Shâh est mort et la
république islamique en Iran est née, le 11 février 1979. C'est une révolution
immensément populaire et intensément religieuse. C'est le retour de l'Iran de
l'arrogance (estekbâr) à la Perse de la ferveur et du martyre. La bourgeoisie tâghûyi,
mercantile, adoratrice du veau d'or (tâghût), reste "massivement
présente, mais totalement neutralisée : elle ne compte plus".
Son
admiration pour l'Imam Khomeini remonte bien avant la Révolution iranienne. Il lui rendra visite en
France, lors de son exil, le 18 janvier 1979, à Neauphle-le-Château,
quelques semaines avant son retour en Iran, puis en 1984 Le
colonel Khadafi
Le colonel Khadafi est une autre de ses "admirations". Il le verra une
première fois à Paris le 24 novembre 1973, et le retrouvera à Tripoli en
1981.LE
VOYAGEUR
"Cette perpétuelle
insatisfaction qui vous tire de Hanoï à Séoul, et de Dakar au Rocher Noir..." Louis Massignon
De Vincent Monteil, Théodore
Monod parlera comme d'un "moine gyrovague" (12 juillet 1990). Il évoquera
aussi, le lendemain, "le méridien Monteil Maroc-Sénégal (= Rabat-Dakar)".
C'est le Maroc, dès 1938,
"notre commune patrie marocaine", dira-t-il à Jean-Mohammed Abd-el-Jalil.
Guerre et résistance
En 1940, cependant, V.M.
quitte le Maroc pour chercher à s'engager. Il est emprisonné à Riom et aura pour voisin
de cellule Pierre Mendès-France avec qui il se lie d'amitié.
En 1943, il participe à la Campagne
de Tunisie avec les Goums marocains.
De 1943 à 1944, il est à la 1ère
D.L.F., sous les ordres du général Brosset. En 1945, le souffle d'une bombe allemande
renverse sa Jeep à l'Isle-sur-le Doubs : jambe droite brisée, rotule éclatée. Longue
convalescence avant de retourner au Maroc jusqu'en 1948, démissionnant après dix années
de service aux Affaires indigènes du Maroc.
Officier méhariste, V.M. est selon
le mot de Louis Massignon un "amant de Goulimine". Il le lui dira à la parution
de son ouvrage sur le Maroc, en 1962 : "Votre "Maroc"? Je viens de le
lire deux fois ; la Ière, je l'avais trouvé "discontinu" et heurté dans sa
saveur violente, assimilable par les seuls amants de Goulimine. A la seconde, j'ai
partagé les impressions de Lacouture, et surtout de Mercanton, (qui comprend mieux que M.
l'affinité de votre pensée avec la mienne)." (28 août 1962).
1948
Vincent Monteil,
observateur militaire en Palestine : "C'est justement pour faire respecter
la trêve imposée par les Nations Unies et leur "Médiateur" Bernadotte, que
je me portai volontaire, en juin 1948, comme "Observateur" militaire en
Palestine. C'est bien la première fois que je fus titulaire d'une caret à
trois volets, dont un en anglais, l'autre en arabe et le dernier en hébreu.
C'est aussi la dernière fois que j'ai mis les pieds à Jérusalem."
1950-52
C'est ensuite l'Iran, Monteil est alors
attaché militaire, de 1950 à 1952 : "Ambiance diplomatique (...) certes
corrigée par la fréquentation assidue du peuple, des derviches et des étudiants". Après
la parution de son ouvrage sur l'Iran - et à cause en particulier de sa dénonciation de
la SAVAK, il y sera "interdit de séjour", jusqu'en 1979, date de la Révolution
iranienne.
1953-54
Puis la Tunisie en
1954, où V.M. jouera un rôle crucial dans les accords franco-tunisiens de 1955. Mais
déjà en 1943, il a participé à la campagne de Tunisie avec les Goums marocains (20 mai
1943 au Tunisia Palace). En 1955, il est question de l'autonomie interne de la Tunisie. A
propos du bey de Tunis, il dira qu'il était "plus soucieux de vivre en paix que
d'assumer ses responsabilités politiques".
"Tendres égarements"
Puis,
l'Extrême-Orient : La Corée (1953-53), le Vietnam. A quoi s'ajoutera, en 1972, la
Birmanie.
1959-1968 : A travers l'Afrique
De 1959 à
1968, Vincent Monteil sera à Dakar, à l'IFAN, l'Institut français d'Afrique noire, devenue en
1962, l'Institut Fondamental d'Afrique Noire. Il y succède à Théodore Monod.
"Depuis
sept ans, mon port d'attache est à Dakar, au grand souffle des alizés, à ce promontoire
avancé de l'Afrique vers le Nouveau Monde. C'est là que je partage mon temps entre mes
cours à l'Université, la direction de l'Institut Fondamental d'Afrique Noire (I.F.A.N.)
et des voyages au cours desquels j'essaie de faire le pont entre l'Afrique blanche et
l'Afrique noire, les francophones et les anglophones, les Chrétiens et les
Musulmans." (1966).
Et,
naturellement, V.M. voyage beaucoup : Côte d'ivoire, Ghana, Nigeria, Mali, Mauritanie,
etc.
1969-1971
Il est nommé
Conseiller culturel en Indonésie - "dans l'ombre chaude de l'Islam". Il en
rapporte un ouvrage et des vues sur l'Islam malais qu'il publiera en 1984 (cf. sa
conférence de juin 1970, à Djakarta, sur "Les relations entre les religions en
Indonésie" revue en 1984).
Birmanie, Albanie,
en 1972, Japon, en 1973, Irlande en 1974.
LE
MUSULMAN
De son propre aveu, Vincent Monteil fut, jusqu'en 1977,
"a reverent agnostic", à la manière de J.Nehru, autrement dit un
agnostique, respectueux des croyances des autres. Sa conversion reste le fruit d'un
mûrissement intérieur - "les pensées ne mûrissent pas d'être dites". Elle
coïncide également avec sa décision "de tirer, en allant jusqu'au bout, les
conséquences logiques de l'engagement politique de toute ma vie pour que justice soit
rendue à la Communauté des Croyants" (1984)
C'est dans la capitale mauritanienne, en 1977,
que Vincent Monteil prendra le nom de Mansour (=Vincent).
LE CHOIX
Le choix de V.M. est désormais
de la Palestine, de la République islamique d'Iran, où il sera invité à deux reprises
en 1979, puis en 1984, et de l'Islam, en général, en tant que religion et communauté :
"Vouloir
ne prendre, pour objectifs, pour le double idéal de l'avenir, que les
"valeurs occidentales" de la démocratie et du modernisme, en tenant la
religion soigneusement à l'écart de la politique, c'est ignorer délibérément
les racines profondes de
l'Islam et sa vitalité persistante" (27 mars 1991).
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