La vague transversale
"C'est elle, vous la
connaissez sur les longues plages de l'océan; (la Méditerranée, en dépit
de son sel et de son étendue, a les mêmes humeurs, mais pas du tout le
même tempérament). - La puissante respiration de la houle du large vient
expirer sur le sable, immobile l'instant d'avant, qui redevient lui-même
comme un poumon après chaque poussée. La lame accourt en se gonflant,
s'aiguise sur sa crête, se verse et puis déferle en s'étalant avec le
bruissement un peu froissé d'un long soupir, doux et léger, qu'on perçoit
cependant déjà dans l'encore du grand fracas de l’eau cognant sur le
rivage. Un éventail qui s'ouvre en captant le soleil, une main qui
caresse, le coup preste de la baguette d'une fée qui maintient un instant,
lisse et fine, la pellicule d'eau comme un miroir vivant, étiré à
l'extrême, transparent au plus haut de la pente conquise. - Et là, dans le
moment d’hésitation du ressac suspendu, beaucoup plus faible mais
triomphant déjà de la faiblesse de la force lorsque tout bouge encore,
naît et se met à courir la vague transversale, presque terrestre, qui
semble balayer, ramasser, cueillir la mer épanouie, régner sur elle, rejeu
du jeu, la dominer elle qui ne vient de nulle part et que n'appuie aucun
passé, la minuscule, l'éphémère - visible à peine sur le fil de son
relief, juste comme un frisson, mais tout à coup unique et seule et tout à
coup puissante assez pour repousser le puissant océan toujours
inexplicable, oui, pour le reconduire en toute modestie et souverainement,
le ramener à ses profondeurs."
Le Poids vivant de la
Parole, Solaire, 1983
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2e Rencontre de Tourtrès, 13 et 14 octobre 2007
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Armel Guerne, La nuit veille
(préface de Jean-Yves Masson), InTexte,
2006
"Ce qu’a tenté Guerne dans La nuit veille, et
qui en rend la lecture si saisissante et par
endroits si effrayante, c’est de s’approcher par
l’écriture de la nudité du rêve, antérieure à sa
formulation. De sorte que le récit de rêve ne va
jamais, chez lui, sans un doute permanent sur le
statut de ce récit - qui rejoint les préoccupations
les plus aiguës de cette « modernité » que par
ailleurs il déteste tant. Le rêve tel que Guerne
tente de le cerner, si l’on écoute bien le texte,
d’une oreille sensible, est en permanence l’objet
d’une traque. Ce sont ici bien souvent des rêves à
deux voix, dirait-on, l’une qui raconte, l’autre
sous-jacente, qu’on entend à peine, mais qui pose
continuellement la question lancinante : était-ce
bien cela? comment le sais-tu ? ou plutôt, pour
reprendre la formulation favorite de Guerne, comment
le sait-ON?"
Jean-Yves Masson.
Pour tout
renseignement : http://collection-orient-occident.intexte.net
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Les Romantiques
allemands, Textes rassemblés et
présentés par Armel Guerne, Phébus Libretto, octobre 2004, voir "Les
Cahiers du Moulin",
octobre 2004
-
Trois œuvres d'Armel Guerne -
Galerie Guerne
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Moby Dick,
Herman Melville, texte français par Armel Guerne, Phébus, 2005
▪
ARMEL GUERNE, vingt-cinq ans après, les 8 et 9 octobre 2005, à Tourtrès, Lot et Garonne
:
Anniversaire d'Armel
Guerne (Documents) -
Vu du vieux moulin
(Photographies)
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Réédition de
Mythologie
de l'Homme, Danse des morts et Le Temps des
signes

"Qu'il est réconfortant de constater
que des textes, des écrits, peuvent ainsi connaître une nouvelle édition à
chaque génération ! Le Temps des signes parut en 1957 chez
Plon, les éditions de la revue Granit le rééditèrent en 1977, et voici,
pour les vingt ou trente ans à venir la belle petite édition qu'il
faudra faire circuler. Mythologie de l'Homme et Danse des
morts attendaient, certes, depuis plus d'un demi-siècle (ces deux
textes ont paru à La Jeune Parque en 1945 et 1946), mais ils n'en
apparaissent sans doute que plus frais, aujourd'hui – comme les
bouquinistes précisent d'un livre qui a vécu, dont la couverture porte
les stigmates de l'usage et du temps, qu'il présente toutefois un
intérieur frais..."
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Dominique Autié
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