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renseignements sur la vie et l’œuvre d’Armel Guerne
Armel Guerne

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Biographie d'Armel
Guerne,
Bibliographie
Extraits
d’œuvres d’Armel Guerne
« La
vérité que j'expérimente péniblement, parfois, c'est
qu'un poème ne commence en réalité qu'avec le
lecteur, pas du tout avec le poète qui n'est là que
pour transmettre. Un poème écrit, fût-il le plus
beau du monde, n'est rien de rien tant qu'il n'est
pas aimé par d'autres; il ne commence à exister qu'à
partir du moment où il entre dans la chaleur d'un
coeur et sourdement habite son silence. Tout son
mystère est là. Je le sais. »
10 septembre 1973
Extraits des Lettres à Dom Claude Jean-Nesmy,
éditions Le Capucin, 2005
Il
nous parle interdit à grands mots de silence
Et
parfois il se tait, le feu.
Il
nous chante immobile une danse sans pas.
Tout
ce qu’il prend il nous le donne
Ce
dévorant. Qui le connaît ?
Il
est le doucereux et le splendide,
L’éveil et le sommeil d’un même bond.
Le
sauvage, c’est lui ; le féroce, c’est lui, le mortel
Ennemi et la source éternelle des ombres.
Plus
magnifiquement que tous, il vit sa mort.
Le Temps des signes,
éditions Le Capucin, réédition, 2005
« ‑
Messieurs de la réalité, ô plantes vénéneuses,
vivant dans la réalité ainsi que dans une serre
attiédie, le temps présent, qui n’est présent qu’à
vos mémoires et jamais sous vos yeux, votre temps a
passé. Il a passé sur nous. Et les hommes sont en
retard, qui n’acceptent pas de souffrir à mort. »
Mythologie de l’homme,
éditions Le Capucin, réédition, 2005
Salutation
« A
ceux qui ne sont pas allés chercher leur risque à
hauteur de visage, faisant à d’autres qu’à eux-mêmes
un devoir absolu d’aller prendre tout à leur
place ;
A
ceux qui ont cultivé dans les jardins de leurs
entrailles les fleurs et les fruits monstrueux de la
Peur, ‑ et que voici possédés : devenus la
très-basse terre, le fumier de cette Peur ;
A
ceux qui se sont exilés, triomphants, aux mystérieux
domaines du non-amour ; aux subtils inventeurs du
double-jeu de la survie et du profit ; aux fourmis
de la honte ;
Les
amoureux furieux et doux du jeu très simple de la
Mort, à jamais cependant font leur SALUT muet.
Juin
1940-juin 1945
Danse des morts,
réédition, Le Capucin, 2005
Lettre à Cioran, 1966
« Au
Vieux Moulin, le 16 janvier 1966 »
Mon
cher Mongol extérieur,
Je
ne voulais pas lever le nez des Contes de
Grimm avant d’en avoir fini avec le deuxième volume.
Ce soir, dans la neige d’hiver qui fond, c’est la
fête mouillée de ce terminus. Encore un, et basta !
[…]
La
vie ici a un sens, et j’entends avec ahurissement
des nouvelles du monde, désespéré de ne pas avoir
les formidables fortunes de mépris qui
conviendraient. Il y a toujours un côté par lequel
on en fait partie puisqu’on y vit – et c’est
honteux. Ceux qui n’ont pas de Dieu à qui donner
tout cet immense surcroît d’amour qu’on ne peut
décidément pas donner aux hommes, à nos
contemporains, qu’en font-ils ? Je me le demande.
Plus j’avance, et plus j’aime Dieu. Le silence de
Dieu.
Je
n’ai sorti mon manteau que le 15 janvier. Est-ce
imaginable ? Nous avons sur la table des anémones
cueillies dimanche dernier, en pleine terre. Mais
depuis, c’est l’hiver : la neige hier, et
aujourd’hui l’affreux dégel, gloupch, glapch, sur
une terre déjà saturée d’eau. Si je vous dis que
l’existence est plus facile ici qu’en ville, vous ne
me croirez pas, et pourtant c’est vrai : il y a
encore beaucoup de choses qui sont à leur vraie
place, et vivre avec elles est une harmonie. J’ai
fait hier, dans la neige, de nuit, une promenade sur
notre route : c’était une leçon de splendeur et de
définitive humilité. Je voudrais si souvent que vous
soyez ici, tous les deux, pour partager le trop !
Vôtre : A. Guerne »
Lettres de Guerne à Cioran, 1955-1978,
éditions Le Capucin, 2001
« 1er
janvier 1942.
Jour
sans feu et sans pain. Il nous reste le gîte – comme
pour tant d’autres qui n’en seront que malheureux.
Je ne parviens pas à exprimer l’intime sentiment de
réconfort, cette chose inconnue qui me rassure,
quand les misères se font visibles, les difficultés
et les souffrances évidentes et venant des
circonstances. C’est comme si quelqu’un me
confirmait, disant : Vois, toutes ces choses sont
extérieures, le mal est en dehors, et vient à
toi du dehors. Et je m’en sens inexplicablement
préservé. »
Journal 1941-1942 et autres textes,
éditions Le Capucin, 2000

Portrait d'Armel Guerne
devant le Moulin de Tourtrès |