CASPAR DAVID FRIEDRICH

Contemporains

SOMMAIRE

Aperçus biographiques

A propos de Friedrich (Ricarda Huch, Albert Béguin)

Le retable de Tetschen

Bibliographie - liens

 

Études :

Symbolique dans l'œuvre de Friedrich

Personnages vue de dos

 

Sur les pas de Caspar David Friedrich :

Dresde :

Cimetière Trinatis

Museum zur Dresdener Frühromantik

Greifswald

Eldena

L'île de Rügen :

Cap Arkona

Hertha See

 

 

 

 

 

 

 

Retour à Caspar David Friedrich - Ludwig Tieck

 

 

Autoportrait, 1815

 

"Il n'était absolument pas ce que l'on appelle beau, plutôt pâle et maigre, mais chacun de ses muscles signait énergiquement un trait caractéristique qui, en raison de son état d'âme immuable, avait laissé une empreinte définitive. La gravité mélancolique, révélée par les lignes du front, était adoucie par le regard des yeux bleus, ingénu comme celui d'un enfant; sur ses lèvres flottait un je ne sais quoi de moqueur. En effet, il y avait chez lui un curieux mélange d'états d'âme, la gravité la plus profonde et la plaisanterie la plus gaie, celle qu'il n'est pas rare de trouver chez les plus grands mélancoliques comme chez les plus grands comiques."

"Peindre était pour lui une sorte de service divin. Quand il peignait le ciel, personne ne pouvait entrer dans son atelier"  C.G. Carus

"Friedrich, dont nous avons parlé, est resté le seul qui essaie de donner un sens religieux et mystique à ses tableaux et dessins de paysage. Il se différencie d'ailleurs de ceux qui tentent la même chose avec des personnages, en ce sens qu'il ne s'empresse pas d'imiter les vieux maîtres, mais directement la nature." Goethe

Ludwig Tieck, 1834

"Cette nature vraiment merveilleuse m'a ému intensément, bien que certains aspects de son essence me soient restés obscurs. Dans les paysages, il cherche en même temps à exprimer et à indiquer avec une fine sensibilité cette atmosphère et cette ardeur religieuse, qui depuis quelque temps vivifient de nouveau notre monde allemand, et une mélancolie solennelle. Cette tentative lui vaut beaucoup d'amis et d'admirateurs, mais aussi, et c'est encore plus compréhensible, beaucoup d'adversaires. Les tableaux historiques et, dans une plus large mesure, les tableaux d'église ont souvent été réduits au symbole ou à l'allégorie; en revanche le paysage paraît plus apte à encourager la méditation, à provoquer une sensation de bien-être ou de joie par la représentation de la réalité, source en elle-même de nostalgie et de rêverie pleine de grâce. Friedrich cherche plutôt au contraire à créer un sentiment précis, un aspect réel enveloppant des pensées et des concepts définis qui se combinent avec cette tristesse et cette solennité, et se dissolvent en elles. Il tente donc d'introduire l'allégorie et le symbolisme, dans l'ombre et la lumière, dans la nature vivante ou morte, dans la neige et l'eau, et aussi dans les figures vivantes.  Grâce à la clarté précise de ses idées et à la maîtrise de son imagination, il essaie vraiment d'élever le paysage au dessus de l'histoire et de la légende, ce paysage qui nous a toujours paru si vague, comme un rêve ou un fait fortuit. Ceci est une tentative nouvelle, et on reste étonné de tout ce qu'il a souvent obtenu avec peu de moyens."

 

Caspar David Friedrich, Paysage près de Teplitz, 1828

C.G. Carus

« Cette introduction ne veut souligner qu'une chose, qui est aussi maintenant la plus évidente: je veux dire que, dans la peinture de paysage, ce fut vraiment Friedrich qui, avec son esprit profond et énergique et son originalité absolue, s'engagea dans le fatras du quotidien, du prosaïque, du rabâché; et tout en l'éludant avec son âpre mélancolie, il en tira une orientation poétique neuve et lumineuse. Nous n'entendons pas exalter sa conception de l'art du paysage comme la seule vraie, et moins encore comme la seule à suivre. Mais qui veut, et peut encore, se rendre compte de l'état d'imitation vulgaire où cet art était réduit, comprendra que l'apparition d'une direction nouvelle, telle que celle découverte par Friedrich, devait avoir un effet stimulant et même bouleversant sur tout esprit réceptif. Les paroles: Voilà un homme qui a découvert la tragédie du paysage, prononcées par le sculpteur David d'Angers, autre artiste singulièrement poétique, quand l'auteur de ces lignes lui présenta les premières œuvres de Friedrich et Friedrich lui-même, pourront toujours être considérées comme caractéristiques à cet égard. »

 

David d’Angers, 1834

« On remarque, dans la physionomie de Frédéric, beaucoup de cette expression méditative que l’on trouve toujours chez les hommes qui s’occupent de grandes pensées. Il y a sur son visage une expression de mélancolie, de bienveillance et de timidité. On voit que l’énergie de son caractère domine ses passions qui ont dû être très fortes. Il est très impressionnable. »

 

« Il n’a pas la prétention de vous donner le dernier mot de la nature ; il vous prend par la main, et semble vous dire : « Ouvrez les yeux et voyez les trésors qu’elle renferme, si vous avez une âme faite pour la comprendre. » C’est une espèce d’itinéraire vers la tragédie du paysage ; car qui peut s’arrêter longtemps vers les essais des hommes, lorsque l’on peut aller à la source puiser soi-même les impressions qui se renouvellent continuellement et d’une manière si variée ? L’artiste ne peut donner qu’un instant, mais la nature déroule, à chaque minute, de nouvelles peintures. »

 

« Frédéric ne va pas dans le monde ; on rirait de sa noble naïveté : « Il n’est pas comme tout le monde », dirait la civilisation moderne qui, si elle le possédait arrondirait tous les angles de ce gigantesque rocher qui porte sa tête dans le ciel, et dont la base lutte contre les vagues de la mer en courroux. »