ANNAMALAI
SWAMI, La corde et le serpent, texte établi
et présenté par David Godman, Arfuyen, 2006
FRANÇOIS
DE FÉNELON,
La Tradition secrète des mystiques,
Texte établi et présenté par
Dominique et Murielle Tronc, Arfuyen, 2006
Sous
le titre La Tradition secrète des mystiques
est publié ici le texte majeur de Fénelon sur le
quiétisme, resté inédit de son vivant et aujourd’hui
encore quasi inconnu. Émouvant par sa
spontanéité et son enthousiasme, ce texte dont le
manuscrit est intitulé Le Gnostique de
saint Clément d’Alexandrie dit tout le bonheur
de Fénelon de trouver dans ce vénérable Père grec
canonisé par l’Église (150-215) un frère dans
l’expérience mystique.
Conservé aux Archives de Saint-Sulpice, le manuscrit
de ce texte est signalé comme œuvre de Fénelon dès
le 18 e
s. Accompagné d’une longue introduction du
bossuétiste le jésuite Paul Dudon, il a été publié
pour la première fois en 1930 dans la savante
collection des Études de Théologie Historique.
Il nous a semblé pour cette première édition
destinée au grand public que le titre original ne
correspondait nullement au contenu de l’œuvre et
surtout risquait d’induire gravement en erreur le
lecteur d’aujourd’hui sur l’intention de son auteur.
Car le mot « gnostique » a pris de nos jours
un sens technique étroit, qui désigne précisément
des sectaires qui vivaient aux premiers siècles.
D’où le choix que nous avons fait du titre La
Tradition secrète des mystiques, inspiré à la
fois du titre du chapitre 16 (« La gnose est
fondée sur une tradition secrète ») et du titre
de la réfutation de Bossuet (La Tradition des
nouveaux mystiques).
Le livre
Été 1694 : Fénelon a quarante-trois ans, il est
précepteur du Dauphin et protégé de Bossuet. Mais
depuis six ans, il a fait la connaissance de Madame
Guyon, qui a bouleversé sa vie en l’introduisant
dans la vie mystique. Le groupe dont elle assume la
direction spirituelle comprend des Grands de la Cour
et des filles de Saint-Cyr. On les qualifie de «
quiétistes ». Madame de Maintenon et Bossuet
vont remettre de l’ordre : Madame Guyon est soumise
à un contrôle concernant ses opinions et ses mœurs.
Fénelon et Madame Guyon passent l’été à chercher
dans les écrits reconnus par l’église la
confirmation de leur expérience personnelle, dans
l’espoir de « faire taire tous ceux qui osent
parler sans expérience d’un don de Dieu ». Ils
collationnent des milliers de pages, qui conduiront
aux Justifications signées par Madame Guyon
et, pour Fénelon, au Gnostique de Clément
d’Alexandrie.
Fénelon veut démontrer que les « nouveaux
mystiques » s’inscrivent dans une très ancienne
et authentique tradition chrétienne qui part des
Pères grecs et va jusqu’aux nouveaux mystiques en
passant par Tauler, Jean de la Croix et François de
Sales. Pour cela il remonte le plus loin possible
dans le temps et retrouve une tradition apostolique
reliée par filiation à Jésus-Christ. Sous la plume
de Clément d’Alexandrie il retrouve tous les thèmes
chers à Madame Guyon, dont le pivot est le pur
amour.
L’auteur
François de Salignac de la Mothe-Fénelon est né à
Fénelon (Périgord) en 1651, et mort à Cambrai en
1715. Ordonné prêtre en 1675, il est nommé trois ans
plus tard supérieur d’une maison d’éducation pour
les jeunes protestantes converties. Grâce au soutien
de Bossuet, il est nommé en 1689 précepteur du duc
de Bourgogne.
Au même moment, il rencontre Madame Guyon, qui lui
fait découvrir la vie mystique. D’abord protégée par
Madame de Maintenon, elle est de plus en plus
durement attaquée par Bossuet et ses amis. Fénelon
lui demeure fidèle. Nommé archevêque de Cambrai en
1695, il est affaibli par les violentes réactions
que suscite son Explication des maximes des
saints et ses Aventures de Télémaque,
dans lesquelles Louis XIV voit une critique de son
absolutisme. Dès lors, Fénelon se replie sur son
diocèse pour lequel il travaille avec un zèle
exemplaire et un rigoureux souci d’obéissance à
l’Église. Il anime aussi un cercle spirituel et
demeure en relation avec Madame Guyon, retirée à
Blois. |