ALBERT SPEER

Né en 1905, Albert Speer connut une carrière fulgurante durant les premières années du 3ème Reich, comme architecte officiel, et deviendra ministre de l'Armement et chef de l'organisation Todt en 1942. Jugé à Nuremberg, emprisonné pendant vingt ans à la prison de Spandau, il purgera sa peine jusqu'au bout. Rendu à la liberté le 1er octobre 1966, il mourra en 1981. 

Retour à Leni Riefenstahl

*

Bibliographie : Au cœur du Troisième Reich, Fayard, 1971 - Journal de Spandau, Robert Laffont, 1975

  

Albert Speer, Ministre de l'Armement

 

 

 

Dans sa cellule de la prison de Spandau

Pavillon de l'Allemagne, Exposition universelle de Paris, 1937

"Aujourd'hui, quand je regarde les journaux et que j'assiste au triomphe de cet art qui est bel et bien celui de ma génération, il m'apparaît clairement après coup que je n'ai pas épousé mon époque. Je n'ai jamais désiré posséder un Pechstein ou un Kirchner, je ne pouvais pas m'offrir un Blechen, et mon rêve aurait été d'acquérir un Caspar David Friedrich. (...) Et je me rends bien compte maintenant, en feuilletant les dessins que j'ai faits dans ma cellule, que tout ce que je fais relève du romantisme, et que j'ai été le contemporain d'une révolution artistique qui n'a laissé sur moi aucune trace" 24 décembre 1956

      

La nouvelle Chancellerie du Reich, détruite en 1945

"Parole de pierre"

          "Albert Speer est sans doute l'architecte le plus célèbre du XXe siècle.  Paradoxalement, son œuvre est généralement ignorée ou simplement inconnue. Il n'est pas moins vrai que pendant quarante ans, peu de sujets ont autant fasciné et en même temps déconcerté la profession et le public que les rêves architecturaux du Führer.

            Le manque général d'information, les quelques images de propagande gravées dans les mémoires et, enfin, les évocations rétrospectives de Speer lui-même continuent de confondre les esprits. Il s'ensuit que la plupart des gens ne se gênent nullement pour juger et condamner en bloc un phénomène qu'ils se refusent par ailleurs à étudier. A l'instar de beaucoup d'autres problèmes fièrement refoulés, les projets de Speer continuent à être l'objet d'un embarras fasciné.

            Le fait même de s'occuper de l'œuvre architecturale d'Albert Speer sans la volonté arrêtée de la condamner est considéré aux yeux de beaucoup d'esprits, autrement sains, comme une complicité de crimes sordides. Ce jugement irréfléchi ne peut s'expliquer que par le fait qu'au procès de Nuremberg, l'architecture classique fut implicitement condamnée à des peines bien plus lourdes que Speer, le ministre du Reich.

            En explorant l'univers colossal de Speer et de son client, ce livre démontre que c'est uniquement par le biais d'un retournement copernicien que nous réussirons à comprendre la vraie nature, le but et les moyens de cette architecture : nous découvrirons alors l'extraordinaire parenté existant entre ce qui se voulait « parole de pierre » et tout ce bavardage de béton, de verre et d'acier qui rend aujourd'hui nos villes si difficiles à vivre."