Hommage à Leni Riefenstahl

1902-2003

"Personnellement, cela ne m'intéresse pas de photographier ou de filmer la laideur des gens ou des événements, la maladie. Je suis quelqu'un de très positif. J'aime communiquer la joie de vivre." 

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Leni Riefenstahl est née le 22 août 1902 à Berlin. Le centenaire de sa naissance est l'occasion de rendre hommage à cette aventurière qui reste "la dernière légende vivante du cinéma allemand" ou encore "la dernière figure survivante de l'Allemagne hitlérienne", selon que l'on veut insister sur son art ou sur ses relations, tout de même tumultueuses, avec le régime nazi : "Vilified for her politics but praised for her art", résume Jeff Chu, dans Time, 26 août 2002. Il s'agit ici d'un simple hommage à cette artiste qui incarne elle-même ce qu'elle n'a cessé de rechercher et de communiquer, à savoir "la beauté, la force, la santé et la vie."

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1924

"Je danse en scène, à Prague, quand je tombe et me blesse au ménisque. Je dois arrêter. Prostration et déception. Heureusement, quelques mois plus tard, le cinéaste Arnold Fanck me propose le rôle principal dans La Montagne sacrée. C'est la révélation de la haute altitude et des fils d'alpinisme hivernal. La Montagne sacrée est un succès ; j'enchaîne six Bergfilme de suite sous la direction de Fanck."

1932 : La Lumière bleue

"Je dirige, joue et monte mon premier film personnel, La Lumière bleue, un conte estival sur les Dolomites. Le film fait sensation."

"C'était une très bonne comédienne - une remarquable comédienne. Elle était elle-même. Elle était si simple, c'est ce qu'il y avait de formidable avec elle. Elle ne jouait pas la comédie comme les comédiens normaux, qui apprennent leur rôle" Hans Ertl

"Devant mes images, je veux qu'on se dise que c'est magnifique."

1934 : Le Triomphe de la volonté

 "A chaque congrès nazi, des dizaines de films ont été tournés. Si les miens sont restés en mémoire, c'est peut-être qu'ils étaient les meilleurs"

1936 : "Malgré le peu d'intérêt d'Hitler pour les Jeux olympiques, je prépare un documentaire sur les Jeux de Berlin. C'est Olympia (les Dieux du stade) que je tourne comme une célébration de tous les athlètes et un rejet de la théorie raciale de la supériorité aryenne."

"Au cours des préparatifs du Congrès, je rencontrais une femme qui, déjà du temps de mes études, m'avait beaucoup impressionné. Il s'agissait de la star et metteur en scène de célèbres films de montagne ou de ski, Leni Riefenstahl. Elle avait été chargée par Hitler de faire des films sur les congrès. Seule femme remplissant une fonction officielle dans les rouages du parti, elle allait souvent se heurter à l'organisation du parti, qui, au début, tenta parfois de fomenter une révolte contre elle. Cette femme, avec son assurance, son art de diriger sans complexes un univers masculin et d'arriver à ses fins, était une provocation permanente pour les dirigeants politiques de ce mouvement traditionnellement misogyne. Pour la renverser, on monta des intrigues, on rapporta à Hess des calomnies. Pourtant, après le premier film, qui réussit à convaincre même les sceptiques de l'entourage de Hitler du savoir-faire du metteur en scène, les attaques cessèrent.

Une fois le contact entre nous établi, elle tira une coupure de presse toute jaunie d'une cassette et me dit : "Lorsqu'il y a trois ans, vous avez dirigé les travaux de la maison du Gau, j'ai, sans vous connaître, découpé votre photographie dans le journal", et comme, stupéfait, je lui demandais pourquoi elle l'avait fait : "Je pensais alors, répondit-elle, qu'avec cette tête-là vous pourriez jouer un rôle... dans un de mes films naturellement". Albert Speer, Au cœur du Troisième Reich

1945

"J'aurais obtenu tout ce que je voulais en disant : "Je savais qu'il y a avait des camps de concentration". J'aurais dû dire cela. Je savais, et je l'ai dit, qu'il y en avait à Dachau et Theresienstadt, mais je n'avais jamais entendu parler des autres. Si j'avais dit que oui, j'aurais eu moins d'ennuis. Mais c'était mentir, non?"

1962 : Première expédition au Soudan, parmi les Noubas

"Avec les Noubas j'ai eu des relations si fortes que j'ai même pensé y rester pour toujours. Ces gens je les ai aimés et ils m'ont aimée. J'ai passé avec eux la période la plus heureuse de la ma vie"

"Je fais des centaines de photos, qui paraîtront en deux livres. Ce sont des hommes d'une autre planète, extraordinairement beaux, généreux, vaillants. Jusqu'en l'an 2000, j'effectuerai des dizaines de visites chez les Noubas."

"En novembre 1962, elle partit avec une expédition dans le village soudanais de Tadoro pour y découvrir "ses" Noubas. La vie dans cette tribu, qui n'avait pratiquement pas été touchée, à l'époque, par le culture occidentale, fut pour Leni Riefenstahl un retour au Paradis, car parmi les Noubas elle était une femme sans histoire. Le documentaire photographique qu'elle réalisa sur les différents groupes Noubas fut un succès, même si on lui reprocha d'avoir une fois de plus mis en valeur l'héroïsme et la force. "Ils sont si beaux. Ce n'est pas moi qui les ai faits, c'est le bon Dieu", répliqua la photographe" Guido Knopp.

1973 : Découverte du monde sous-marin

"Depuis toujours, je suis fascinée par la beauté, la force, la santé et la vie. J'ai trouvé tout cela sous l'eau. C'est un jardin de pure harmonie, une liberté absolue."

2002

"Dans mon album de photographie, Cinq vies, j'illustre cinq de mes activités successives, à cinq époques différentes du XXe siècle. Dans ce XXIe siècle, ma sixième vie, si Dieu le veut, sera consacrée à réaliser le rêve de la survie. Il faut que nous rétablissions la beauté de la Terre pour les générations futures"

Leni Riefenstahl est décédée le 8 septembre 2003, à Pöcking, en Bavière