MONSIEUR LE CONSUL GÉNÉRAL DE PATAGONIE A TOULOUSE

"La Patagonie, c'est la grandeur et la dérision de la grandeur, l'envers et l'endroit, le rêve et l'envers du rêve" 

Retour à Jean Raspail - Adios, Tierra del Fuego

"On aime beaucoup prendre les îles chez Raspail" 

(à propos des coups de force de la Marine patagonne dans l'archipel des Minquiers)

*

A propos de Terre de Feu-Alaska, Jean Raspail fit cette confidence : le livre ne serait pas réédité, il en rachetait d'ailleurs les exemplaires au fur et à mesure qu'il les dénichait chez les bouquinistes, parce que, dit-il, "le livre est mal écrit". Il admet volontiers qu'à cette époque il ignorait tout d'Orélie-Antoine.

A qui lui faisait remarquer que, dans son ouvrage Le jeu du roi, la mort pouvait apparaître comme une issue au jeu lui-même, il répondit que la dimension littéraire de l'œuvre expliquait sans doute cette fin, tout en reconnaissant : "Le jeu du roi est certes un jeu, mais avec des résonances qui peuvent aller loin."

La communauté patagonne de Toulouse a eu le plaisir d'accueillir, mercredi 21 février 2001, son Consul Général, à l'occasion d'une séance de dédicace de son dernier ouvrage: Adios, Tierra del Fuego, à la librairie Castella. On notait la présence de M° Laurent de Caunes, Vice-consul, et de nombreux compatriotes, réunis pour la circonstance.

Moment trop bref - mais déjà en 2000, pour la dédicace du Roi au-delà de la mer, Jean Raspail avait quitté précipitamment les lieux - et on se demande d'ailleurs pour quelle raison (peut-être s'agit-il d'un avion). Il est certain en tout cas que l'assistance méritait mieux que ce bref passage, ce que Jean Raspail reconnaîtra d'ailleurs en aparté. Surtout cette assistance-là qui contrastait avec celle de l'année précédente, plus préoccupée de politique que de ce rêve merveilleux qui va de Sire au Roi au-delà de la mer. C'est sans doute pour cette raison aussi, - de se savoir entouré de compatriotes, pour des motifs qui tiennent au seul "jeu du roi" - que Jean Raspail s'est trouvé aussi détendu, amusé, souriant qu'il était apparu agacé lors de sa prestation de l'année passée. 

Jean Raspail a donc parlé de son dernier livre avec un plaisir manifeste, que ce soit de la Patagonie ou d'Orélie-Antoine de Tounens, et beaucoup d'humour en rappelant les circonstances qui l'ont mené à devenir Consul général de Patagonie, ou, par exemple, en décrivant la tombe vide du Roi à Tourtoirac. Mais surtout  non sans une vive émotion, lorsqu'il s'est agi d'évoquer José Emperaire, - l'auteur des Nomades du Sud qui aura consacré sa vie aux Alakalufs et qui mourra d'ailleurs en Patagonie chilienne, - le vent, les Alakalufs eux-mêmes et certaine embarcation qu'il entrevit dans la tempête, en 1951, avec son feu central et cette poignée de Fuégiens, à peine couverts d'une peau de loutre, et que "six mètres" et "dix mille ans" séparaient de lui.

On ne peut nier que Jean Raspail est à ces moments un poète, aux accents à peine lyriques, par pudeur et vrais, de cette vérité qui permet d'affirmer que la Patagonie constitue l'aboutissement de ce grand rêve de courage et de compassion qui traverse toute son oeuvre et qui est sa vie même.