HENRI LE SAUX

"Mais moi, comme Ramana [Maharshi], ce fut Arunâchala qui m'éveilla! Oh cet éveil"

 

 

Bibliographie sélective

Une Messe aux sources du Gange, Le Seuil, 1967

Souvenirs d’Arunâchala, Récit d’un ermite chrétien en terre indoue, Épi, 1978

Écrits du Père Henri Le Saux, Albin Michel, 1991

Marie-Madeleine Davy, Henri Le Saux, Swami Abhishikyananda, le Pasteur entre deux rives, Le Cerf, 1983

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André Gozier, Henri Le Saux, un moine chrétien à l'écoute des Upanishads, Arfuyen, 2008 - Présentation à télécharger au format PDF 

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Le Soi est le Cœur  : à propos de Ramana Maharshi

Annamalai Swami

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Retour à Marie-Madeleine Davy ou le Désert intérieur - Aperçus sur l'ésotérisme - Marie Madeleine Davy

 

« Le Saux a mis des années pour saisir intuitivement l’au-delà des personnes divines. Or, Eckhart avait présenté les Personnes (Père - Fils - Esprit) comme des « modes » de manifestations d’une seule Suressence divine. Un tel langage avait été contesté. Il n’est pas surprenant que l’expérience de Le Saux suscite des refus et aussi des incompréhensions » Marie-Madeleine Davy

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L'expérience singulière du Père Henri Le Saux (1910-1973) a trouvé un écho extrêmement favorable en Marie-Madeleine Davy, parce qu’elle se présente comme une expérience du Soi, autrement dit de « l’au-delà des personnes divines ».

         Né le 30 août 1910, en Bretagne, Henri Le Saux est entré, à l’âge de 19 ans, à l’abbaye bénédictine de Kergonan, où il prononcera sa profession solennelle en 1935. C’est en 1947 qu’il entre en rapport avec son aîné, l’abbé Jules Monchanin, et l’année suivante qu’il le rejoint en Inde. Par son entremise, il aura un premier contact avec l’hindouisme, lors d’une visite à l’ashram de Sri Ramana Maharshi (1879-1950), sans doute l'un des sages les plus authentiques de l’Inde, à cette époque. Cette première rencontre se révèlera décisive : « L'idéal le plus profond en moi - celui auquel inconsciemment tout se réfère en moi - est celui de Ramana - exemple si parfait de Vedânta - et cet idéal de Ramana n'aurait pas pu s'enraciner à cette profondeur dans ma psyché s'il n'avait été une rencontre avec un appel exprimé, un surfacing, un « éveil ». Le 21 mars 1950, marque un autre « point singulier » sur sa courbe de vie. C’est ce jour qu’il inaugure avec le Père Monchanin leur premier ashram chrétien, qu’il adopte la tenue des ascètes, la tunique orange, le kâvi, et prend un nom indien : Swami Abhishiktananda. A partir de cette date et jusqu’à sa mort, toute sa vie en Inde se partagera entre de fréquentes retraites en solitaire, dans des grottes, le plus souvent, et en particulier à Arunâchala, qui est l’une des montagnes les plus sacrées de l’Inde et dont il dira qu’elle fut pour lui « un lieu de naissance » - « Mais moi, comme Ramana, ce fut Arunâchala qui m'éveilla! Oh cet éveil! » - les longs voyages à pied, à travers tout le pays, et les pèlerinages – comme aux Sources du Gange, dont il rapportera la matière d’un de ses livres les plus émouvants et les plus éclairants : Une messe aux sources du Gange. Dans le même temps qu’il parcourt l’Inde, il prêche au Carmel de Bangalore, rend visite à l’ashram chrétien (anglican) du Révérend Murray Rogers et participe aux premiers séminaires œcuméniques, s’interrogeant sur la même question : « Comment intégrer les valeurs culturelles et spirituelles de l’Inde dans la spiritualité chrétienne ? » En 1968, il inaugure une fondation de Carmélites à Ranchi. « Les moines passent aisément de la solitude à la prédication. Le voyage extérieur peut accompagner le périple du dedans », fera remarquer Marie-Madeleine Davy à ce propos.

Depuis 1957, à la mort du Père Monchanin, il est seul à l’ashram et recherche en vain un compagnon. Ce n’est qu’en 1971, deux ans avant sa mort, qu’il fera connaissance de celui qui deviendra son disciple, Marc Chaduc : « Qu’un solitaire devienne guru et s’accepte comme tel peut surprendre. Comment oublier, dira Marie-Madeleine Davy, l’esseulement de Le Saux, sa nécessité de communiquer ce qu’il a pu saisir »

         Il meurt le 7 décembre 1973 à Indore, après un accident cardiaque : le « Grand Éveil ».

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L’attrait de Marie-Madeleine Davy pour l’expérience spirituelle de Henri Le Saux s’explique naturellement du fait qu’elle s’inscrit dans la même perspective que sa propre expérience : « L’œuvre primordiale de l’homme, écrit, par exemple, Henri Le Saux, est de rentrer au-dedans afin d’y rencontrer soi-même. Qui ne s’est pas rencontré soi-même en soi-même a-t-il jamais rencontré Dieu ? Et qui n’a pas rencontré Dieu en soi, s’est-il jamais rencontré lui-même ? » Cette expérience est aussi celle d’un solitaire, comme elle, d’un moine, mais aussi d’un homme qui vivra douloureusement son isolement, au sein de son Église. Enfin, lorsqu’à son sujet, Marie-Madeleine Davy parle de « situer Henri Le Saux dans la mouvance de Maître Eckhart » elle ne fait rien d’autre que de souligner la parenté qui existe entre leurs deux expériences, « orientées vers l’Unité », dont le terme apparaît celui de tout ésotérisme chrétien, le Graal – le Soi : « La quête du Graal n’est autre au fond que la Quête de Soi, Quête unique signifiés sous tous les mythes et les symboles. C’est Soi qu’on cherche à travers tout. Et pour cette Quête, on court partout alors que le Graal est ici, tout près ; il n’y a qu’à ouvrir les yeux. Et c’est la découverte du Graal dans sa vérité ultime ».