Tu as, en
moi, suscité le noble besoin
D'aller
loin voir le monde au profond de son âme ;
Avec ta
main me tient une confiance aussi,
Qui me
garde sans crainte à travers les tourmentes.
Par des pressentiments tu as instruit l'enfant,
Parcouru avec lui des régions fabuleuses;
Modèle pur de l'exquise
féminité,
Comme tu l'exaltas, son cœur adolescent!
Qui y aurait-il pour m'attacher au joug terrestre?
Ne sont-ils pas à jamais tiens, mon cœur, ma vie?
N'ai-je pas ton amour,
ici, qui me protège?
C'est
pour toi que je puis me vouer au bel art
Puisque
tu veux, ma bien-aimée, être la Muse,
Le doux
gardien et l'esprit de ma poésie.
Éternelle ici-bas dans ses métamorphoses
La
puissance secrète du Chant nous salue;
Tandis
qu'ici, sur nous, ruisselle sa jeunesse,
Là
c'est sa sainte paix qui vient bénir la terre.
La lumière c'est elle, en nos yeux épanchée,
Qui, pour chacun des arts, éclaire en nous le sens;
Elle
qui donne au cœur joyeux, à l'âme lasse
Son
ivresse miraculeuse à savourer.
C'est la vie à son sein somptueux que j'ai bue;
Et tout ce que je suis, ce ne fut que par elle
Qui a donné son port
à mon visage heureux.
Encore
en moi dormait le plus haut de l'esprit
Quand je la vis, sur moi, descendre comme un Ange;
Et j'ai
pris, à l'éveil, dans ses bras, mon envol.
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