L'expédition automobile de l'Équipe
Marquette (25 septembre 1951-8 mai 1952)
Premier ouvrage de Jean
Raspail, écrit en collaboration avec Philippe Andrieu, Terre de Feu
Alaska, est la relation de l'expédition qui conduit l'équipe
Marquette d'un extrémité l'autre du continent américain. L'ouvrage
parut dans la collection La Croix du Sud, chez Julliard, en
1952 "Au loin apparaissent
enfin, dominées par les nuages d'orage qui annoncent le Détroit de
Magellan. La piste se perd dans le sable, ou se subdivise à l'infini,
car chaque automobile trace sa propre route."
Terre
de Feu : 13-23 novembre 1951
"Tous sont formels :
aucune route, sentier, piste ou huella ne conduit à Ushuaia, capitale
de la province et bourgade la plus australe du monde. Nous pourrons
peut-être parvenir au Destacamento Fagnano, mais là il faudra faire
demi-tour, car le Monte Olivia dresse, en un barrage infranchissable,
ses 1.500 mètres de montagne. Nous décidons de diviser l'expédition
en deux groupes.
(...) A 7 h. 30, nous quittons Rio Grande. Le
temps est incertain. Les voitures sont bourrées d'essence. La piste est
bine meilleure que nous ne l'avons supposé, et nous la parcourons sans
histoire, suivant les principes bien établis de la marche sur boue.
Vers 5 heures du soir, nous atteignons le
Destacamento Fagnano, où règne le gendarme le plus austral du monde
(...)
La piste n'est maintenant plus sur la carte qu'un
pointillé. Les cavaliers qui l'employaient auparavant pour se rendre
à Ushuaia ne s'en servent même plus. Personne, même à cheval ne va
à Ushuaia par la terre. C'est trop dangereux...."
Moralité
d'un grand retour
"On parle souvent de l'attrait
extraordinaire de l'aventure sur les jeunes de notre époque. On se perd
en conjectures pour l'expliquer, alors que la raison en est bien simple.
L'aventure est à la portée de tous, simplement parce qu'il n'y a plus
d'aventure, et en définitive, malgré l'afflux des prétendants, la
véritable aventure demeure ce qu'elle a toujours été, l'apanage d'un
petit nombre. Ceux-là survivront, encore qu'ils doivent défendre âprement
leur place au soleil, car l'aventure coûte cher. Pour les autres, le
public, saturé, initié par une expérience de dix ans à toutes les
ficelles des vrais et faux explorateurs, abandonnera peu à peu les livres
et les conférences de voyage pour revenir tranquillement à ce qui
l'intéressait avant que naisse cette curieuse mode." |