Deux films en
Allemagne ces dernières années - une version
française sort actuellement sur les écrans - ont
retracé le destin tragique de cette jeune étudiante
de 22 ans, de son frère Hans et de leurs compagnons,
résistants au régime nazi et exécutés en 1943.
« Hans et Sophie
Scholl étaient croyants. Ils n’ont pas pris les
armes, ils n’ont tué personne. La seule vie qu’ils
ont sacrifiée, c’est la leur. « Je ne crois, disait
Pascal, que les histoires dont les témoins se
feraient égorger. »
Tel est l’hommage des Éditions de Minuit à
l’occasion de la parution de l'ouvrage d'Inge
Scholl, La Rose blanche, Six Allemands
contre le nazisme, en 1955.

Julia Jentsch, dans le rôle de Sophie Scholl
L’ouvrage
reproduit les tracts brièvement diffusés par la Rose
blanche avant l’arrestation du groupe. Dans le
quatrième de ces tracts, une citation de Novalis, d'Europa
ou la Chrétienté, attire l’attention :
« Novalis : «
L'anarchie bien comprise est l’élément constructif
de la religion. Elle anéantit les données positives
et se manifeste en nouveau fondement du monde... Si
l’Europe ressuscitait, si un État des États, et une
science politique certaine s’offraient à nous !...
Est-ce que la hiérarchie... devrait être encore le
principe d’un groupement d’États ? Le sang coulera
en Europe, jusqu’à ce que les nations prennent
conscience de leur effroyable démence et que les
peuples, touchés, et comme adoucis par la sainteté
de la musique, s’approchent des autels anciens,
apprennent les travaux pacifiques et commencent, sur
les champs de bataille fumants, à célébrer la paix.
Seule la religion peut réveiller la conscience de
l’Europe et assurer le droit des peuples ; installer
sur terre, dans une splendeur nouvelle, la
chrétienté, occupée seulement à préserver la paix ».
Nous indiquons
expressément que la Rose Blanche n’est à la solde
d’aucune puissance étrangère. Nous savons que le
pouvoir national-socialiste doit être détruit par
les armes ; mais le renouveau de cet esprit allemand
si dégénéré, nous l’escomptons d’abord de
l’intérieur. Ce réveil doit précéder l’exacte
reconnaissance de toutes les fautes dont s’est
chargé notre peuple ; il doit également précéder le
combat contre Hitler et ses innombrables acolytes,
membres du parti, et autres traîtres. Aucune peine
sur terre, si grande soit-elle, ne pourra être
prononcée contre Hitler et ses partisans. Une fois
la guerre finie, il faudra, par souci de l’avenir,
châtier durement les coupables pour ôter à quiconque
l’envie de ne recommencer jamais une pareille
aventure. » |