Olivier Schefer
Olivier Schefer enseigne
l'esthétique à la Sorbonne. Il s'est attaché à l'œuvre
de Novalis dont il traduit depuis quelques années les
"fragments". S'inscrivant en faux contre ce qu'il nomme
le "mythe Novalis", - "autant d'images, dit-il,
embarrassantes pour la critique moderne et
contemporaines, attentive aux phénomènes de rupture et
de crise" - il ouvre, par ses traductions et ses
préfaces, une nouvelle approche de l'oeuvre de Novalis.
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Novalis, Brouillon général, Allia, 2000
Olivier Schefer,
Poésie de l'infini, Novalis et la question
esthétique, Collection Essais, La Lettre volée, 2001
Olivier Schefer, Le
monde doit être romantisé, Allia, 2002
Novalis,
Semences,
traduit par Olivier Schefer, Allia, 2004
Olivier Schefer, Art et utopie, Les
derniers fragments (1779-1800), Éditions Rue
d'Ulm, 2005
Les manuscrits traduits ici sont les derniers textes
philosophiques de Novalis que nous possédions. La
maladie qui l'affecte (la phtisie) l'empêchera de
tenir une plume les quatre derniers mois qui lui
restent à vivre (il meurt le 25 mars 1801), période
durant laquelle il n'écrit plus rien, à l'exception
de trois lettres. Les notes qui nous occupent furent
rédigées sur une période d'un an et demi, du mois de
mai 1799 à la fin de l'automne 1800. Comme le
remarquent les éditeurs allemands, cette période fut
sans doute l'une des plus actives de la brève
existence de Novalis, à la fois sur les plans
professionnel, littéraire et personnel. Au sortir de
ses études à l'École des Mines de Freiberg
(1797-1799), Novalis devient inspecteur des salines
pour l'État saxon, ce qui le conduit à effectuer de
nombreux déplacements sur le terrain (Dürrenberg,
Kösen, Artern). Il sera nommé à la direction des
mines de Weilβenfels en janvier 1800. Les raisons de
cet engagement professionnel sont notamment
financières, puisque Novalis cherche une situation
stable en vue de son mariage avec Julie von
Charpentier, la nièce d'un de ses professeurs à
Freiberg. Du 1er au 15 juin 1800, il
accomplit, sur la demande du géologue Abraham
Gottlob Werner pour l'Électorat saxon, plusieurs
voyages « géognostiques » en Saxe, afin d'y relever
notamment la présence de lignite, nécessaire à
l'économie de l'époque. C'est également
une période socialement riche pour Novalis : il
rencontre pour la première fois Goethe en juillet
1799 (et le revoit en novembre). Il se lie d'une
très forte amitié avec Ludwig Tieck, qui sera, avec
Friedrich Schlegel, le premier éditeur des
Oeuvres de Novalis en Allemagne, un an après sa
mort. Enfin, il rencontre Henrik Steffens, qui fera
de lui un portrait vibrant dans ses mémoires, Was
ich erlebte. Cette période est aussi et surtout
celle qui voit naître quelques-uns de ses plus
fameux textes : Les Hymnes à la nuit
paraissent en 1800 dans la dernière livraison de la
revue de l'Athenäum. Novalis rédige également
son essai religieux, Europe et Chrétienté,
ainsi que ses Cantiques spirituels, parus
après sa mort. Il a toujours le projet de finir ses
Disciples à Sais, commencés en 1798. Mais
c'est surtout l'écriture de son grand roman
inachevé, Henri d'Ofterdingen, qui mobilise
ses forces. On peut lire dans ses notes plusieurs
allusions à son récit, ainsi que l'esquisse du conte
de Klingsohr, inséré dans le roman. Si on trouve ici
des préoccupations communes à la plupart de ses
manuscrits théoriques, du Pollen au
Brouillon général, les questions
religieuses, médicales et poétologiques occupent une
place de premier plan. |