Le comte Zinzendorf est
né à Dresde en 1700 et fut élevé dans un milieu
piétiste. Après des études à Halle, puis à Wittenberg,
il voyagea en Allemagne, en Hollande et en France.
Renonçant à la carrière diplomatique à laquelle sa
famille le destinait, il achète des terres à
Berthelsdorf.
En mai 1722, il entre en
relation avec Christian David, frère morave, à la
recherche d’un asile pour ses frères persécutés en
Bohème et en Moravie. Le comte Zinzendorf leur offre
alors l’hospitalité sur ses terres. Une première
communauté s’y installe et fonde le village de Herrnhut.
Quelques années plus tard, le village comptera quelque
300 émigrés moraves.
Le 13 août 1727 est une
date fondatrice dans l’histoire des Herrnhutes, puisque
ce jour marque la naissance spirituelle de la communauté
éponyme.
Or, le rôle de
Zinzendorf fut décisif en cette circonstance, parce
qu’il n’avait cessé d’enseigner aux Frères de l’Unité,
ce qui forme l’essentiel du piétisme, à savoir que le
Christ est « l’ami divin de l’âme ».
Cependant, Zinzendorf a
surtout développé une théologie de la
seconde
naissance
typique du piétisme, selon l’entretien du Christ
avec Nicodème. Cette théologie peut s’entendre aussi
dans la perspective christosophique qui est celle
de Jacob Boehme :
« Le croyant deux fois
né est un homme double. Il reste malgré tout le vieil
homme jusqu’au terme de son existence terrestre. En même
temps il est un autre homme : l’homme intérieur
incarné dans un corps de lumière. Il a déjà revêtu son
corps glorieux sous l’enveloppe de son corps
terrestre ».
« Le corps céleste du
Christ représente la totalité retrouvée. Le Christ est
l’homme virginal, comme le seront après lui
toutes les âmes qui se seront trouvées ».
A partir de 1733, le
comte Zinzendorf va connaître des années difficiles, il
sera contraint de vendre ses terres, puis condamné au
bannissement en 1736. Le comte, sa famille et une partie
de la communauté se déplacent alors à Marienborn, près
de Francfort, où elle trouve un refuge. Elle deviendra
l’Église des pèlerins.
Un long débat à
l’intérieur de cette Église, sera tranché, le16 novembre
1721 et va donner à l’Église de l’Unité son orientation
spirituelle qu’elle conserve toujours :
« La question n’était
pas de savoir, dira Zinzendorf, si le Sauveur
était ou non, le Pasteur et l’Évêque de nos âmes. Notre
désir était plutôt qu’il daignât traiter une alliance
spéciale avec le pauvre et petit peuples des Frères (…)
Pour nous, nous nous engageâmes à l’aimer et à
l’honorer, à vivre avec lui dans une communion
personnelle et intime, à nous conformer à sa volonté, à
ne plus jamais choisir de maître humain pour les
affaires du cœur, mais à demeurer fidèlement attachés à
notre Chef divin ».
Le comte ne retournera à
Herrnhut qu’en 1747, où il mourra en 1760, reconnu comme
chef spirituel, mais aussi contesté sur un point
fondamental. Zinzendorf avait imaginé, en effet, que
l’Église de l’Unité serait composée de « croyants deux
fois nés », chacun d’eux demeurant attaché à sa propre
confession, au lieu que dans les dernières années de sa
vie, ses disciples aspiraient à voir la communauté
constituée en Église nouvelle – qui est connue de nos
jours sous le nom d’Église de l’Unité des Frères
moraves.
"La première enveloppe est l’archétype de notre
corps terrestre. La seconde est le corps
glorieux de l’âme. Comment se fait le passage du
premier corps au second ? Par une transmutation
qui abolit le premier. Dans le langage de la
mystique chrétienne, cela s’appelle une
seconde naissance"
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