CE QU'IL DIT DE LUI-MÊME

"Enfant, j'avais rêvé d'être explorateur. ma petite enfance passée en Abyssinie, et les livres que j'avais lus plus tard m'avaient prédisposé à l'aventure en Afrique."

SOMMAIRE

Ce que dit de lui Jean Malaurie

Ce que dit de lui Bruce Chatwin

Ce qu'il dit de Monfreid

Le désert des déserts

Désert et oasis

Bibliographie

 

 

Retour à Thesiger 

Wilfred Thesiger

©1978, Plon

 

 "Enfant, j"ai assisté au retour triomphal de l'armée du Choa après un effroyable corps à corps à Sagale, à une centaine de kilomètres de notre légation d'Addis-Abeba. Par milliers, ces soldats déferlèrent devant le pavillon royal, accompagnés du grondement des tambours et du son des trompes de guerre. Leurs chefs, nombreux, coiffés de crinières de lions et revêtus de capes de velours étincelant, avec leurs boucliers et les fourreaux de leurs longues épées courbes sertis d'or et d'argent, m'éblouirent. Les cavaliers aussi, qui passèrent au galop, suivis d'une foule innombrable qui brandissait lances et épées en hurlant les hauts faits de bravoure de l'armée victorieuse.

           Ce jour imprima en moi la haine de la morne uniformité qui recouvre l'ensemble de notre univers ; il me donna le besoin absolu de vivre parmi des races capables de conserver leurs traditions, leurs coutumes et leur culture. En dehors de l'Espagne du Sud, avec son passé mauresque, l'Europe ne m'a jamais attiré, pas plus que ses habitants, ses villes ou ses paysages, et je n'ai certes aucune envie de visiter l'Amérique, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande."

Visions d'un nomade

           "A propos de mon attitude vis-à-vis des plaisirs de la vie, tels qu'on les conçoit en général, je peux dire que je n'y ai jamais attaché beaucoup de prix. Ce que je mange m'importe peu, pourvu que je sois nourri. Je n'ai aucun plaisir à, boire du vin ni des alcools. (...) Quant aux cigarettes, je supporte déjà très mal d'être dans une pièce enfumée. Le sexe n'a jamais beaucoup compté pour moi, et le célibat de la vie du désert ne m'a guère gêné. Le mariage aurait certainement été un sérieux handicap dans ma vie. J'ai donc pu mener l'existence de mon choix sans avoir le sentiment de me priver de quoi que ce soit. La vie dans le désert sous-entend une simplicité que j'ai toujours trouvée profondément satisfaisante; tout ce qui n'est pas indispensable devient vite une entrave dans un tel cadre. Ces trois mois passés dans le Sahara en 1938 m'ont appris à apprécier les commodités que la plupart des Européens ont la chance de pouvoir considérer comme normales : l'eau potable, la viande, un bon feu dans la nuit glacée, un abri contre la pluie, et surtout la possibilité de céder au sommeil quand la fatigue vous envahit"

La vie que j'ai choisie.

 ©Roger Harrison

« Les possessions matérielles n'ajoutent rien à notre vie et nous encombrent. De quoi avons-nous finalement besoin? De ce que l'on peut emporter avec soi.»