FÂTIMA et la femme musulmane

SOMMAIRE

Muhammad

Abraham

Symbolique des nombres

Maryam

Ahl al-Kahf

Hazrat Fâtima 

 

 

[ Symbolique de l'Islam ]

 

 

La main de Fatima

Main de Fatima

La main de Fatima est un symbole magique, un talisman pour écarter le mal. Ce n'est pas un signe religieux.

 Ce symbole est toutefois répandu dans tout le monde arabo-musulman, du Maghreb à l’Egypte (souvent peint sur les façades des habitations), du Moyen-Orient, où la main de Fatima est portée par les femmes en pendentif, jusqu’en Inde et au Pakistan.

 

La maison

La maison arabe traditionnelle est carrée, les pièces se répartissant autour d’une cour, agrémentée d’une fontaine, parfois de quelques arbres ou de fleurs. Il s’agit d’une symbolique assez simple, l’essentiel étant de souligner l’espace "clos" de la maison arabe, ouvert sur le ciel et isolé de la vie publique. Même dans les habitations récentes, on rencontre cette frontière entre l’extérieur, domaine de l’homme, et l’intérieur, domaine de la femme.

Le mucharabieh, placé entre la rue et les pièces de la maison ou de l’appartement, symbolise l’intimité de la famille, de l’espace privé de la maison, lieu sacré (haram) et domaine de la femme, certes dissimulée à la vue des autres hommes que son époux et ses proches, mais maîtresse d’un domaine qu’elle organise et dirige à sa guise, l’époux étant le plus souvent son hôte.

 

LE VOILE

Le voile musulman s’appelle hijâb, lithâm, tchador (mot persan) ou burqah, selon qu’il couvre uniquement les cheveux, laissant le visage à découvert, selon qu’il dissimule aussi le bas du visage, selon qu’il ne laisse de visible que les yeux ou encore qu’il recouvre la femme des pieds à la tête, comme en Afghanistan.

L’exemple du " voile " touche de près notre propos, car ce signe d’aliénation de la femme musulmane pour la quasi totalité des Occidentaux est paradoxalement une manière d’émancipation pour les jeunes musulmanes. Il est aussi, fondamentalement, pour la Loi coranique, signe de la " modestie ", et pour les spirituels musulmans, une image du voile qui sépare l’homme du divin.

Le voile est une affaire d’époque, de milieu, il n’est pas une obligation légale, comme peuvent l'être la prière ou le jeûne du mois de ramadan. Il n’en reste pas moins que le voile féminin n’est pas seulement un signe communautaire : " Le voile est une question de foi, pas de tradition. Il ne nous est pas imposé, le cœur seul nous commande de le porter ".

Quoi qu’il en soit, l’Islam contemporain a fait du voile, comme du port de la barbe pour l’homme, un symbole profane de sa lutte contre les mœurs occidentales.

LA FEMME

Le statut de la femme musulmane si décrié en Occident est symbolique de l’incompréhension profonde qui s’est installée depuis deux ou trois générations entre les sociétés occidentales et le monde arabo-musulman. Pour qui a fréquenté de l’intérieur, si l’on peut dire, des familles musulmanes et qui a vécu parfois dans leur intimité, il est pourtant un témoignage à apporter, même s’il doit aller contre les idées reçues.

L’émancipation de la femme est un poison venu de l’Occident et qui, en Occident, a son propre antidote. Distillé en Orient, dans les pays arabo-musulmans, il agit comme un poison mortel. C’est un fait que si l’on prétendait venir à bout de l’islam, religion et communauté, il faudrait travailler à l’émancipation de la femme musulmane, au risque de détruire le bel équilibre de la société islamique qui, quoi qu’on en dise, repose sur des rapports entre l’homme et la femme empreints de mesure, de générosité et parfois d’une poésie dont le souvenir est bien oublié en Europe. La femme musulmane, même s’il convient de nuancer selon les pays et les traditions locales, est à la fois libre et soumise, comme elle l’est dans la tradition juive et la tradition chrétienne.

C’est pourquoi le procès fait en Occident contre le statut de la femme musulmane au nom du droit au divorce, à l’avortement, à la liberté sexuelle, est un procès nettement tendancieux.

Sans entrer dans la polémique, citons simplement cette tradition répandue dans tout le monde arabo-musulman, selon laquelle " Le Paradis est sous les pieds des mères ". Ce qui signifie que la femme musulmane demeure avant tout la mère de ses enfants et qu’elle est honorée comme telle. Il faudrait avoir l’honnêteté de reconnaître que ce respect aimant des enfants à l’égard de leur mère, à quoi on reconnaît les musulmans, de même que l’obéissance qu’ils doivent à leur père font écho au " Tu honoreras ton père et ta mère " qui est enseigné aux juifs et aux chrétiens depuis des millénaires.

FATIMA

La fille préférée du prophète de l’Islam et l’épouse de ‘Alî compte parmi les quatre femmes parfaites, selon la tradition islamique, avec Maryam (la Vierge Marie, cf. infra), Khadîja et Asya. C’est à ce titre - et aussi parce que Muhammad a déclaré un jour : " Fâtima fait partie de moi-même " - qu’elle est, en terre d’Islam, pour les sunnites comme pour les shî’ites, le symbole de la perfection féminine. Ajoutons qu’en Islam shî’ite, c’est aussi en tant que la mère des saints Imâms, Hasan et Huseyn, qu’elle est vénérée.

Il est regrettable qu’aucun de nos nouveaux orientalistes ne se soit jamais préoccupé de cette exceptionnelle figure de femme dont le philosophe iranien Ali Shariati dira : " Fatima is the woman that Islam wants a woman to be ". Car, dans les banlieues aussi, " Fatima est Fatima ", et de la même manière que, pour les chrétiens, " Marie est la mère de Jésus-Christ ". Il est pareillement regrettable, de ce point de vue, qu’il ne soit jamais question d’elle dans les différentes rencontres islamo-chrétiennes. Et pourtant...

Il n’y a pas si longtemps que l’annonce en Iran que les chrétiens vénéraient au Portugal, à Fatima, la fille aimée de Muhammad a bouleversé des millions de musulmans, tandis qu’elle mettait dans l’embarras les chancelleries. Car l’épisode n’est pas seulement révélateur de la dévotion des musulmans pour Fâtima, mais aussi d’une certaine manière récente et pourrait-on dire polémique d’interpréter les événements dès lors que personne ne doutait jusqu'à présent - y compris parmi les pèlerins musulmans - qu’à Fatima, on a de tout temps vénéré la Vierge Marie et non Fâtima la Resplendissante!

De quoi Fâtima est-elle finalement le symbole ?

Ali Shariati a répondu longuement dans un ouvrage fameux en Iran :

" She is a symbol in all the various dimensions of being a woman. / The symbol of a daughter when facing her father. / The symbol of a wife when facing her husband. / The symbol of a mother when facing her children. / The symbol of a responsible, fighting woman when facing her time and the fate of her society. "