Marie/Maryam

«Le Couronnement : l’âme se réveille en Dieu, dans « l’Aspect divin » dont elle n’était qu’une ombre ; la Vierge – couronnée par le Verbe d’une couronne « incréée » - est ainsi l’âme réintégrée dans son Infinité essentielle, dans sa Réalité dont elle n’était séparée qu’en rêve »

 

Sommaire

Biographie

Mots clefs : Religio perennis ; René Guénon

A propos des "Mystères christiques" de Frithjof Schuon

 

*

Retour à Schuon

« L’âme du contemplatif qui, par son acte spirituel et le support rituel de celui-ci, réalise la naissance universelle du Verbe en son cœur, doit être « vierge » et « pure », ou en d’autres termes, « pauvre » et « vide », afin de pouvoir servir de support à la naissance de la « Présence réelle » ; l’âme doit donc porter, comme l’image sacrée de la Vierge, l’empreinte de la divine Non-Manifestation, c’est-à-dire l’obscurité »

 

« Si on me demandait pourquoi je peins des images de la Sainte Vierge, je répondrais : pour transmettre, donc pour rendre accessible à d’autres, une vision intérieure ; pour rendre possible une participation à cette vision » (1982).

 

En mars 1965, sur le bateau qui le mène au Maroc, depuis Port-Vendres, c’est la Présence de Marie qui se manifeste à Frithjof Schuon - « le grand mystère qui descendit sur moi », dira-t-il - celle de « la Mère de tous les prophètes » : « Puis vint – un rêve éveillé – la douce Vierge, / Elle resta avec moi, profondément retirée en moi. / Sainte présence, souvenir lumineux. / Une image venue du Ciel ; j’aime l’appeler / Stella Maris – mon étoile du matin ». 1965 est donc l’année qui va inscrire l’expérience spirituelle de Schuon dans une dimension mariale qui sera déterminante. Rappelons que la confrérie dont Schuon fut le maître spirituel s’appellera, à partir de cette date, tarîqah Maryammiyyah.

            Certes, Marie apparaît d’abord comme une « incarnation de la Féminité divine » ou encore en tant que l’aspect féminin du Logos, avant d’être la Mère de Jésus selon l’Islam ou la Theotokos du christianisme : « La Sainte Vierge, écrit-il, est inséparable du Verbe incarné, comme le Lotus est inséparable du Bouddha, et comme le cœur est le siège prédestiné de la sagesse immanente. (...) La Vierge, Rosa mystica, est comme la personnification du Lotus céleste ; en un certain sens, elle personnifie le sens du sacré, lequel est l’introduction indispensable à la réception du sacrement. »

            Il n’en reste pas moins que Schuon portait une réelle dévotion à Marie/Maryam. Ce n’est pas sans raison d’ailleurs qu’il accordait une si grande importance à la Maison de la Vierge, à Éphèse, où chrétiens et musulmans, depuis plus d’un siècle, viennent prier la Mère de Dieu/Mère de Jésus.

      Mais, fondamentalement, pour Schuon, « Marie personnifie l’Essence informelle de tous les Messages, elle est par conséquent la « Mère de tous les Prophètes » ; elle s’identifie ainsi à la Sagesse primordiale et universelle, la Religio perennis. »

        Ce qui explique aussi pourquoi certaines représentations de la Vierge comme vierge noire : « La couleur sombre se réfère à la Non-Manifestation divine, dont la Vierge est le support en sa qualité de Mère du Verbe ». C’est, en effet, que « l’âme du contemplatif qui, par son acte spirituel et le support rituel de celui-ci, réalise la naissance universelle du Verbe en son cœur doit être « vierge et pure » (…) ; l’âme doit donc porter, comme l’image sacrée de la Vierge, l’empreinte de la divine Non-Manifestation, c’est-à-dire l’obscurité. » Autrement dit, « La couleur sombre de la Vierge noire (…) signifie ainsi le silence ou l’absence de manifestations dans l’âme du contemplatif ». « Hagia Sophia », 1996

A propos d'Éphèse, cette « terre onirique » qui vit le séjour de la Mère de Dieu et de Jean, le disciple bien-aimé : Retour à Éphèse