GÉRARD DE NERVAL

LES POÈTES ET LES REINES

 

SOMMAIRE

Une vocation à l'amour

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Le voyage en Orient

Aurélia ou l'Orient mystique

Mémorables

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Armel Guerne et Nerval

Nerval : Vers l'Orient 

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Retour à Gérard de Nerval

Les poètes et les reines

 

"Les poètes et les reines" (janvier 1855), crayon au papier de Gérard de Nerval, in Album Gérard de Nerval, La Pléïade, pp. 258-59

Ce dessin au crayon, intitulé "Les poètes et les reines", date des derniers jours du poète. On y reconnaît Charles d'Orléans et, parmi les reines, toutes prénommées Marie, Marie-Louise, Marie de Médicis et Marie-Antoinette.

    Or, cette dernière disait : "Pour moi seule toutes les heures sonnent en retard, les entreprises n'ont que la chance des revers, et l'étoile du malheur semble s'être levée sur ceux qui m'entourent, pour mal guider ceux qui me servent." Pour Nerval, également, "toutes les heures sonnent en retard" et l'étoile du Yémen qui s'était levée pour le guider jusqu'au monde de l'Ange est devenue à son tour "l'étoile du malheur".

    Mais il y a plus que la parenté exemplaire de deux destins tragiques. Les Reines incarnent, en effet, cet "Eternellement-féminin" qui, selon le mot de Goethe, dans le second Faust, "nous attire vers En-Haut". Et c'est ainsi que l'on approche le secret de Nerval, cette ultime intuition qui nous révèle le "point-vierge" de son âme.

    Si les femmes doivent accomplir le salut du monde parce qu'elles seules permettent de déchiffrer l'énigme de notre humanité, les Reines, elles, s'offrent plus particulièrement aux poètes comme les Étoiles de leurs destinées singulières parmi les hommes. Et c'est pourquoi, au terme de son initiation manquée, les Reines symbolisent pour Nerval cet "Eternellement-Féminin" qui sauve l'homme de l'orgueil qui lui a fait rejeter l'amour divin et qui le retire du désespoir d'avoir compris trop tard le mystère de l'amour humain : au dernier moment.