Salim ibn Kabina

Retour à Wilfred Thesiger - Salim ibn Ghabaisha - Désert et oasis

Voir aussi Hommage à Wilfred Thesiger, 2003

  

Salim bin Ghabaisha

"Dieu t'a placé sur ma route", me dit-il. "J'aurai désormais tout ce qu'il me faut." Je l'aimais déjà beaucoup. Attentif et gai, il me rendait la vie plus facile, en prévenant mes moindres désirs. Son amitié donna une note personnelle à ma vie dans le désert ; jusqu'alors, elle l'était assez peu"

 

"Âgé d'environ seize ans, il mesurait à peu près 1 m 65. Dégingandé, il marchait à grandes enjambées, penché en avant, un peu à la manière des chameaux. Ce qui est fort rare. Les bédouins font de petits pas et se tiennent très droits. La pauvreté et les épreuves l'avaient marqué : très maigre, les joues creuses. Ses longs cheveux lui tombaient sans cesse dans les yeux, quand il faisait la cuisine ou quoi que ce soit d'autre. Il les rejetait en arrière d'un geste impatient de la main. Il avait le front plutôt bas, de grands yeux, un nez droit, des pommettes saillantes et une grande bouche à la lèvre supérieure allongée. Son menton, délicatement dessiné et plutôt pointu, était barré d'une longue cicatrice, marque laissée par un fer rouge qu'on lui avait appliqué dans son enfance pour le soigner de quelque maladie. Il ne cessait de découvrir ses dents, d'une blancheur éclatante, car il riait et parlait constamment. Son père était mort deux ans auparavant, et c'était au jeune bin Kabina qu'était incombée la tâche de subvenir aux besoins de sa mère, de son jeune frère et de sa sœur, encore un bébé. Je l'avais rencontré à un moment critique de sa vie, comme je le découvris une semaine plus tard."

Le Désert des Déserts