1
Savoir
Le savoir concernant l’« héritage culturel mondial » de la mystique et de
l’ésotérisme est devenu accessible aujourd’hui même
aux non-spécialistes, et ceci dans une mesure
incomparable à tout ce qui a été possible
antérieurement. La recherche sur les aspects communs
et les différences est une tâche centrale de notre
temps. Une telle recherche dépasse les possibilités
du dialogue interreligieux. Ce dernier peut
mettre à jour des principes éthiques communs et, par
là, jouer un rôle œcuménique. Sans l’inclusion de la
mystique et de l’ésotérisme, il reste cependant
aveugle face à la réalité des sources de révélation
et de leurs convergences.
2
Traditions
Une tâche est de revivifier le dépôt des traditions abrahamiques.
Corollairement, l’interrogation doit porter sur
leurs sources atemporelles, « ni passées ni
dépassées » (Henry Corbin). Ceci n’exclut aucunement
le regard sur d’autres traditions comme le
védantisme, le bouddhisme et le taoïsme, ni la
participation de personnes qui, s’orientant vers ces
traditions, cherchent un accès aux sources
abrahamiques.
3
Paradigme
spirituel de notre temps : les besoins
La spiritualité est un paradigme fondamental de notre époque que l’on ne
saurait comprendre uniquement par son ombre
matérialiste. De plus en plus de personnes intègrent
le suprasensible dans leur démarche et leur
conception de vie. En quête d’esprit, ils
s’orientent vers des écoles et des enseignements
traditionnels, ou des communications venant de
maîtres plus récents, ou bien encore elles font un
chemin totalement individuel. Les expériences et les
intuitions spirituelles revêtent pour eux une
signification existentielle et biographique. Un
échange sur les expériences et les intuitions qui y
sont liées est ressenti comme un besoin naturel de
telles personnes.
4
Paradigme
spirituel de notre temps : les tâches
Un tel échange représente en même temps une contribution à la mise en
évidence du paradigme spirituel de notre époque. Une
telle contribution ne sera féconde que si les
expériences et les intuitions à communiquer et à
échanger ont mûri, tant biographiquement que
cognitivement.
5
Méthodes de
connaissance
La dimension du spirituel réclame des méthodes de connaissance adéquates.
Celles-ci
se constituent en proximité de cette ligne de
convergence où pensée et vécu spirituel se
rejoignent. De là découlent des questions concernant
le « comment » d’une communication interspirituelle.
Un aspect – non exclusif, mais important – sera la
manière d’approcher « l’imaginal » tel qu’il se
présente par exemple dans les mythes, les cultes,
les symboles et les récits initiatiques. On touche
ainsi
à
la sphère d’un
mundus imaginalis (Henry Corbin), à un « monde
imaginatif » (Rudolf Steiner). Les formes
d’expression de l’imaginal créent par ailleurs un
espace de rencontre et de communication privilégiés,
puisqu’elles parlent un langage universel.
6
Références
imaginales
Le nom INSULA VIRIDIS a été choisi pour sa qualité imaginale. Un tel nom
fait résonner le caractère archétypique d’un lieu
« en suspens ». On ne peut – pour employer
l’expression d’Henry Corbin – le trouver sur une de
nos cartes géographiques, même si l’Irlande,
l’ « île verte » par excellence, renvoie bien à un
lieu germinatif incontournable de la spiritualité
occidentale. Il ne s’agit pas non plus d’une
abstraction allégorique.
7
Motifs
polyphoniques
Plusieurs motifs
font écho dans ce motif sans qu’il y ait lieu de le
réduire à l’un d’eux :
-
« L’Ile Verte dans la Mer Blanche » de la
tradition chiite, où peut être trouvé l’Imâm
caché, guide vers le Soi spirituel.
-
Le lieu de rassemblement de l’« Ile Verte » à
Strasbourg fondée par Rulman Merswin pour une
communauté de laïcs en quête d’esprit sous
l’égide de l’Ami de Dieu de l’Oberland.
-
La figure
mystérieuse de
Khadir,
le Verdoyant, de la tradition islamique,
identifié par certains avec le prophète Elie.
Goethe, à la suite de Hafîz, convie, dès la
première strophe du « Divan
Oriental-Occidental », à venir se rajeunir à sa
source.
-
Le tissu vert
émeraude sur lequel, selon Wolfram von
Eschenbach, repose le Saint Graal : « Sur un
tissu achmardî vert, elle portait le désir du
paradis, racine et tige en même temps ».
-
La montagne
de
Qâf
qui, en tant que « Montserrat idéal » (Goethe),
luit de sa couleur émeraude.
-
Le vert doré
de la Terre illuminée de l’intérieur sur les
mosaïques de Ravenne que certains chercheurs
mettent en relation avec le Xvarnah, la
« Lumière de Gloire » de l’ancien Iran, etc.
8
Guidance
intérieure
La thématique du guide intérieur ne peut être séparée ni d’une recherche
appropriée sur les courants ésotériques, ni de
l’expérience des individus qui se sont engagés sur
un chemin spirituel, que ce chemin soit d’ailleurs
« traditionnel » au sens strict du terme ou non.
Ceci renvoie à la dimension d’un Soi supérieur qui,
dans tout ésotérisme véritable, est but de
connaissance et de réalisation. L’interprétation
d’une telle thématique et de telles expériences
évitera l’approche réductrice d’un
psychologisme subjectif ou d’un matérialisme occulte
tout extérieur. Une telle thématique n’implique
aucune dépendance mal à propos ou des rapports
d’autorité de type ancien. Pour l’individu en quête
d’esprit assumant spirituellement sa responsabilité,
le thème renvoie au but et au sens d’une liberté
supérieure.
9
Etoiles
conductrices
Les figures de l’Ami de Dieu de l’Oberland et du poète allemand Novalis ont
été perçues comme références communes par les deux
initiateurs de ce projet, en vue justement de ce
projet, sans pour autant écarter, loin de là,
d’autres figures-guides qui sont importants pour eux
ou pour d’autres.
En l’Ami de Dieu
se fait jour la métamorphose de l’initiation
chrétienne médiévale en une voie d’intériorité libre
possédant des vertus communautaires. En Novalis, une
initiation qui se résume dans la formule lapidaire
« Christ
et
Sophie » s’individualise à un degré jusque là
inconnu. Ses intuitions, léguées dans ses fragments
et ses œuvres poétiques, sont autant de germes d’une
science initiatique en devenir.
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