HEMSTERHUIS

Hemsterhuis

 

 

Théosophie

Rudolf Steiner et Novalis - Florian Roder - Wackenroder  - Novalis et Jacob Boehme - Franz von Baader

 

*

Retour à Novalis - Voir aussi Fernand Ouellette - Laurent Ferec

"Les sciences magiques résultent, selon Hemsterhuis, de l'application morale aux autres sens - c'est-à-dire de la moralisation de l'univers et des autres sciences." Novalis

 

"Des satellites ne peuvent-ils pas devenir des planètes? La naissance de la la Lune a peut-être produit de nombreux changements sur notre Terre - cf. l'Alexis d'Hemsterhuis." Novalis

"Lorsqu'elle vint des régions lointaines passer dans le voisinage du soleil, elle n'échappa pas à l'œil observateur de l'homme. Elle parut petite, traînant après elle une longue queue de lumière. Son mouvement devint rapide de plus en plus, jusqu'à ce qu'on la perdît dans les rayons du grand astre. (...) On s'aperçut bientôt d'un mouvement irrégulier dans les eaux, qui se gonflant franchirent leurs bords, et dont les surfaces lisses étaient sillonnées d'écume. Une altération étrange se fit sentir dans l'intérieur des corps de tous les animaux, par un désordre inconnu dans leurs fluides. Ce qu'on voyait encore des des étoiles, parut avoir changé de place; car l'axe de la terre était déjà incliné, et ses parties les plus pesantes penchaient par une force attractive vers cette masse nouvelle sans qu'on s'en fût aperçu. La terre qui n'avait jamais été humectée que par la rosée du matin, se vit inondée par des eaux qui tombaient du haut des cieux (...). L'homme qui peu auparavant adora dans chaque astre, dans chaque fleur, dans chaque frère, à chaque aurore, un Dieu propice dont le soleil parut le plus parfait symbole, crut voir dans cet astre nouveau celui d'un Dieu vainqueur, plus puissant que le sien; Dieu malfaisant, de destruction et de ténèbres; ce qui fut la première source de la folle idée d'un bon et d'un mauvais principe..."

*

"Dans l'âge d'or d'Hésiode et d'Hypsicles, l'homme était absolument parfait, autant que la nature de son essence pouvait le permettre; et quoiqu'il fût créé un être éternel, la nature de ses développements et de ses jouissances était successive; mais le mouvement de cette succession depuis le premier instant de sa naissance jusques dans l'éternité, était uniformément accéléré, et la mort ne lui parut que l'un des développements continuels et ordinaires de son essence. Après la grande catastrophe du globe de la terre, où l'homme apparemment avait perdu des sensations, la mort changea pour lui de face (...) La mort parut couper l'existence de l'homme en deux parties, dont l'une était la vie présente et l'autre une éternité vague, douteuse et tout au plus possible. Ensuite l'homme parvint par ce principe de perfectibilité adhérent à sa nature, à cet âge d'or, ou plutôt d'argent, dont nous avons parlé; à cet âge dont la fin ne pouvait être qu'une perfection animale, et ce fut qu'après avoir passé au-delà de cette perfection que l'homme devint un être malheureux sur la terre, jusqu'à ce que le sage lui apprit par une philosophie éclairée, à lier de nouveau le présent au futur, et à reconnaître l'homogénéité de son existence éternelle.

Voilà deux âges d'or de nature fort différente; et si nous suivons avec soin la marche naturelle des facultés de l'homme dans cette vie, nous parviendrons à entrevoir un troisième âge qui ne différera pas moins des précédents. Il aura lieu, mon cher, lorsque les sciences de l'homme seront parvenues aussi loin qu'avec ses organes actuels il aura pu les porter; lorsqu'il verra distinctement les bornes de son intelligence dans les faces de l'Univers qu'il peut connaître; lorsqu'il apercevra la disproportion absurde entre ses désirs et ce dont il peut jouir sur  la terre, et lorsque voyant les étranges effets qui en résultent, il retournera sur ses pas, et trouvera son salutaire et juste équilibre entre ses désirs et les objets placés dans sa sphère d'activité actuelle (...).

Pour l'âge d'or de l'homme après cette vie, ses jouissances y seront plus intimes, plus cohérentes; et toutes ses connaissances s'y confondront, comme les couleurs de l'Iris se confondent au foyer d'un cristal. (...) Voici, mon cher Alexis, autant qu'il me paraît, tout ce que la philosophie peut nous apprendre sur les différents âges de perfection auxquels la nature humaine peut prétendre."

Alexis ou De l'Age d'or

"Si vous considérez maintenant la marche de ce principe qui va toujours en avant (...), vous verrez qu'au moment que cette perfectibilité était parvenue jusqu'à quelque connaissance de saisons et d'agriculture, les effets de ce principe étaient précisément analogues et proportionnés à l'état de l'homme en qualité d'habitant de ce monde, et voilà l'âge d'or. Mais aussitôt que ce principe qui va toujours, apprit aux hommes à mesure les cieux, à franchir les mers, à tirer les métaux du sein de la terre, (...) il est évident que ces effets de la perfectibilité n'ont plus aucune analogie ni proportion quelconque avec l'état primitif de l'homme en qualité d'animal ou d'habitant de ce monde. Voilà ce qui s'en suit, ma Diotime ! Si l'homme qui n'est qu'un animal sur ce globe, a dans lui un principe qui par sa nature l'a mené infiniment au-delà de l'âge d'or, c'est à dire au-delà de son bonheur et de sa perfection (...) il est de toute évidence que l'existence de l'homme sur ce globe n'est que passagère et que par sa nature il tient à tout autre chose. Je ferai ici trois petites réflexions. 1 - Qu'il est impossible que l'homme puisse retourner à cet âge d'or d'Hésiode. 2 - Que du temps de cet âge d'or, si l'homme avait pu réfléchir à ce que nous venons de dire, il aurait pu donner une direction constante à la marche vagabonde de sa perfectibilité, et 3 - Que lorsque la perfectibilité de l'homme qui n'a point de bornes dans la nature, en trouvera enfin dans l'imperfection et le petit nombre de ses organes comme habitant de la terre, l'homme retournera en arrière, il corrigera les défauts absurdes de sa marche désordonnée, et on verra de nouveau sur cette même planète un âge d'or infiniment supérieur à celui des poètes."

Lettre à la Princesse de Gallitzin, 23 novembre 1780