FRAGMENTS MATHÉMATIQUES

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(traduction Maurice de Gandillac, 1966) 

    La mathématique tout entière est à proprement parler une grande équation applicable aux autres sciences.

    Ce que sont pour elle les logarithmes, elle l'est pour les autres sciences.

    Le concept de mathématique est le concept de science en général.

    Toute science doit donc devenir une mathématique.

    La mathématique actuelle n'est guère plus qu'un instrument empirique spécial.

    Elle est une substitution en vue d'une plus commode réduction - un auxiliaire de la pensée.

    Sa notion même postule nécessairement qu'on puisse l'appliquer de façon complète.

    Elle est le témoin authentique de l'idéalisme propre à la nature

    Elle se fonde sur la corrélation interne, sur la sympathie de l'univers.

    Les nombres sont, comme les signes et les mots, des phénomènes, des représentations par excellence.

    Ses rapports sont des rapports cosmiques.

    La mathématique pure est l'intuition de l'entendement en tant qu'univers.

    A titre de faits contre nature, les miracles sont mathématiques - mais en ce sens il n'est aucun miracle, et ce qu'on appelle ainsi est jugement concevable grâce à la mathématiques, car pour elle rien n'est miraculeux.

    La mathématique authentique est l'élément propre du magicien.

    En musique, elle se manifeste formellement comme révélation - comme idéalisme créateur.

    Elle trouve ici sa légitimation comme envoyée du ciel, à la mesure de l'homme.

    Toute jouissance est musicale, et donc mathématique.

    La vie la plus haute est une mathématique.

    Il peut exister des mathématiciens de première grandeur, qui ne sachent pas compter.

    On peut être un grand calculateur sans rien soupçonner de la mathématique.

    L'authentique mathématicien est un enthousiaste per se. Sans enthousiasme pas de mathématique.

    La vie des dieux est une mathématique.

    Tous les envoyés divins sont nécessairement des mathématiciens.

    la mathématique pure est une religion.

    On atteint à la mathématique que par une théophanie.

    Les mathématiciens sont les seuls bienheureux.

    La mathématicien sait tout. Il le pourrait s'il ne le savait.

    L'activité cesse lorsque intervient le savoir.

    L'état du savoir est eudémonie, bienheureux repos de la contemplation - quiétude céleste.

    L'authentique mathématique est chez elle en Orient. En Europe elle a dégénéré en pure technique.

   Pour comprendre un livre de mathématique, il faut se saisir de lui avec vénération et le lire comme la parole de Dieu.

    Toute ligne est un axe du monde.

    Une formule est une recette mathématique.

    Les nombres sont des drogues.

    L'arithmétique leur pharmacie.

    La mathématique supérieure ne contient finalement que des méthodes d'abréviation.