DE SIGNATURA RERUM

« Tu ne trouveras pas un seul livre où la sagesse divine t’apparaîtra de façon plus intime que lorsque tu vas dans un pré en fleurs ; là, tu verras la force merveilleuse de Dieu, tu la sentiras et la goûteras, bien que ce ne soit qu’un symbole » 

Retour à Jacob Boehme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Notre philosophie occidentale a été le théâtre de ce qu'on peut nommer un "combat pour l'Âme du monde". D'un côté, nous trouvons, en "chevaliers" défenseurs de cette âme, les Platoniciens de Cambridge (H. More, R. Cudworth); Jacob Boehme et son École, avec tous ceux qui leurs sont apparentés; le Newton boehmien; les Kabbalistes chrétiens comme F.C. Oetinger, chez qui se croisent les courants issus de Boehme et de Swedenborg. De l'autre côté, nous trouvons leurs antagonistes : il y a Descartes, le P. Mersenne, Malebranche, Bayle, sans doute aussi Leibniz et Christian Wolf, et la liste s'allonge jusqu'à nos jours. S'agit-il d'un combat définitivement perdu, le monde ayant perdu son âme, défaite dont les conséquences pèsent sans compensations sur nos visions modernes du monde? S'il y a eu défaite, une défaite n'est pas une réfutation" Henry Corbin, Corps spirituel et Terre céleste, 1979 

*

 « Après avoir gagné sa vie à la sueur de son front, comme un ouvrier laborieux doit le faire, il fut de nouveau saisi, au commencement du 16ème siècle, à l’âge de vingt-cinq ans, de la lumière divine, avec l’aspect subit d’un vase d’étain dans le fond le plus profond, ou dans le centre de la nature secrète. Voulant  bannir, dans le doute où il était, cette idée de son cœur, il passa le pont de Görlitz, qui était près de sa maison pour se dissiper dans les champs qui étaient couverts de verdure, et néanmoins il ressentit de plus en plus l’aspect qui venait de se présenter à lui, en sorte que par le moyen des empreintes ou figures naturelles, des ligaments et des couleurs, il avait pu, pour ainsi dire, pénétrer dans le cœur et dans la nature la plus secrète de toutes les créatures ».

            Cette expérience est celle-là même qui formera le thème de son ouvrage De la signature des choses : « Toute chose présente au dehors la signature de ce qu’elle est au-dedans » (De la signature des choses, 1, 11). Cette signature est la signature de Dieu : « Je vis en Dieu, mais mon moi ne le sait pas puisqu’il vit en lui-même. Dieu est bien en lui, mais il ne le conçoit pas, et il cache la petite perle, que je suis en Christ, par son humanité. Ainsi je parle et j’écris sur le Grand Mystère, non pas que mon moi l’ait saisi, mais il frappe ma signature, à cause de mon désir qui pénètre en lui. Je me connais, non pas en moi, mais en l’image de ce mystère qui se reflète en moi par grâce, pour attirer ce moi par l’abandon » (idem, 12, 18).

*

 UNGRUND

« Un silence sans essence »

« En dehors de la nature, Dieu est un mystère. En dehors de la nature, cela veut dire dans le Néant. En dehors de la nature règne le Néant, qui est l’œil de l’éternité, un œil infini qui est nulle part et qui ne voit rien, car il est lui-même l’Infini ou le Néant, Ungrund. Cet œil est une volonté : le désir de Dieu de se révéler, d’appréhender ce Néant »  (De la signature des choses, 3, 2)

« Le désir se diffuse. Son émanation est l’esprit de la volonté et du désir. Il est un souffle comme l’Esprit. Le désir créé une figure dans l’esprit, où le mystère va déployer une infinité de formes. » (idem, 3, 5)

« Cette figure est la Sagesse éternelle de Dieu. Elle représente les trois principes issus de Dieu un. Il ne nous est pas permis de pénétrer le mystère de ce Dieu un, de savoir comment de toute éternité la volonté originelle apparaît dans le sein de ce Dieu sans commencement, Ungrund, que nous appelons le Père. La seule chose qu’il nous soit donné de connaître, c’est le fait de son éternelle naissance. » (idem, 3, 6)

 « Et voici le grand arcane : la révélation de ce Dieu sans commencement, Ungrund, grâce à cet éternel engendrement » (idem, 3, 7)

 La Trinité suprême

 Père = l’Un

Δ

Saint Esprit = le mouvement – Fils = le Désir

 ----------------------------------

Les Sept Esprits de Dieu

« Les sept esprits sont le Père de la lumière, et la lumière est leur Fils, qu’ils engendrent toujours d’éternité en éternité ; et la lumière s’allume, et rend toujours et éternellement les sept esprits vivants et joyeux, car tous ils doivent leur montée et leur vie à la force de la lumière »

« Ce sont sept esprits de Dieu qui brillent dans une grande clarté devant le fils de Dieu ; et desquels est engendré, d’éternité en éternité, le fils de Dieu, qui est le cœur des sept esprits de Dieu » (Aurora, VIII, 25)

 La Sagesse divine

 ---------------- « la profondeur de Dieu » --------------- l’incréé ------------------

 La Nature éternelle

(Voir les Trois Principes)

Sophia

La noble vierge de la Sagesse divine

« Son époux est l’âme de l’homme, elle corporalise toutes les productions célestes »

 Le Monde céleste ou Ciel intérieur

Les trois Royaumes

(Michaël, Ariel et Lucifer)

Le monde angélique ou « ciel des anges »

 -----------------------

Le monde visible

             « L’âme saisit la nature intérieure, la nature éternelle. L’esprit de l’âme, la précieuse image à la ressemblance de Dieu, saisit l’élément lumineux qui est le ciel des anges. Quant à l’esprit sidéral, celui aussi des éléments, il saisit la nature des astres et des éléments »

 Les Trois Principes

 « L’Etre de tous les êtres est Un. Cependant pour engendrer la nature, il se partage en deux principes : la lumière et les ténèbres, la joie et le tourment, le mal et le bien, l’amour et la colère, le feu et la lumière. Puis de ces deux éternels commencements, Dieu fait un troisième principe qui est notre monde. Dieu a créé le monde pour se délecter au jeu de son amour » (De la signature des choses, 16, 11).

 Dieu

|

Feu – combustion

« C’est dans le feu du désir que toutes choses s’incarnent. C’est par le désir que le monde a été créé »

Amour - combustion                                                                       Courroux - feu

Lumière / Ciel                                                                                 Feu / Enfer

 « L’Amour de Dieu n’aurait pas été manifeste sans la Nature éternelle ; le feu de l’Amour n’aurait pas été manifeste sans le feu de la Colère. C’est pourquoi la racine de la science dans le fondement de la Nature a été le feu de la Colère. Et la manifestation de ce feu de la Colère a été le feu de l’Amour, tout comme la lumière sort du feu »