Déserts

 « Ce que j’appelle mon diocèse, c’est l’Adrar mauritanien. Et mon voyage annuel, c’est ma tournée pastorale. Mais c’est une façon de parler » 

Mots et noms typiques


IFAN
Amadou Hampâté Bâ
Nomades
Animaux

 

 

 

Retour à Théodore Monod

On le voit pieds nus dans le sable, affublé d’une sorte de chéchia, d’un pantalon informe et d’une vareuse vaguement militaire. Il est penché sur sa « chambre claire » et opère un relevé. Dans tous ses voyages, spécialement dans le désert, Théodore Monod utilisait des outils, des appareils de mesure, qu’il avait conçus lui-même, par exemple, son « tape-cul » qui lui servait à conserver les plantes, son « boudin » pour recueillir des minéraux, toutes sortes de bocaux pour les insectes et autres animaux, et cette « chambre claire » dont il dira : « J’ai également utilisé pendant des années une chambre claire, appareil qui intéresse spécialement le géographe et le géologue. Une chambre claire est constituée d’un prisme fixé par une tige à une planchette, reposant elle-même sur un trépied. Avec ce prime on peut dessiner un détail de ce qu’on voit, une falaise, un rocher, une vue panoramique, etc. (…) La chambre claire est un très bel appareil »

Chinguetti  

            A l’origine de ce qui deviendra un peu la quête des dernières années de la vie de Théodore Monod, le rapport d’un officier français en 1916, signalant une énorme météorite dans l’Adrar mauritanien. Les recherches ont commencé en 1924, sans succès, et c’est dix ans plus tard au tour de Théodore Monod de s’emparer de la question et de lancer une expédition. Malgré ses efforts, la météorite est introuvable… En 1987, il organisera une nouvelle expédition pour un résultat identique : « Nous avons beaucoup marché et nous n’avons rien trouvé ». L’année suivante, troisième tentative, avec cette fois, du matériel sophistiqué dont un GPS, mais, dira Monod, « nous sommes rentrés « rebredouilles », une fois de plus ! » A la fin de l’année 1988, Théodore Monod lance une dernière tentative, mais en reprenant son itinéraire de 1934, - tout concorde exactement avec les indications laissées par Ripert, mais « là, sur le terrain », il comprend qu’il peut abandonner la recherche de la météorite géante. Pourtant, il retournera sur les lieux encore en 1989, ce qui lui fera confirmer que « toute l’histoire n’a pour origine qu’une regrettable confusion entre un relief rocheux banal et une prétendue masse météoritique ».  

Tanezrouft

             Le Tanezrouft, « pays de la peur et de la soif », est une région désertique, totalement inhabitée, du Sud Algérien, vers la frontière du Mali. En 1935, elle est encore un blanc sur la carte, quand Théodore se lance à son assaut. On pense ici à un autre défi, relevé par Michel Vieuchange, en 1930, d’atteindre la ville de Smara ! La traversée dure onze jours du 3 au 14 février 1936 : « Le reg s’étendait, horizontal et indéfini. Il n’y avait rien qui pût accrocher le regard : nous naviguions à la boussole et nous manquions des repères les plus infimes pour faire notre visée », « Nous n’avons relevé que de très rares traces préhistoriques, ce qui prouve que le Tanezrouft fut toujours le… Tanezrouft et qu’il fut évité de tout temps par les hommes ». Après 400 kilomètres de marche, Ouallene est atteint et aussitôt, Théodore Monod reprend sa marche de retour vers Adrar, par une route plus au nord, plus « désespérée » encore : « Cette fois ce fut encore plus laborieux. Je ne rencontrai pas, en effet, les pâturages que j’espérais trouver dans la dernière partie du parcours. Ce fut une rude épreuve pour les bêtes et pour les hommes. »