LOUIS CHARBONNEAU-LASSAY

(1871 – 1946)

Sommaire

Quelques symboles - Bibliographie

Le Bestiaire du Christ

 

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Aperçus sur l'ésotérisme

René Guénon

 

 

Autoportrait

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Estoile internelle

« Dans les écrits qui concernent ce groupement et qui m’ont été communiqués, il n’est point directement question du Saint-Graal, et pourtant l’insigne principal de cette institution n’est point une étoile, mais un ciboire dans lequel une pierre rouge doit être placée.

La pierre rouge en question devait être un « rubis escarboucle », qui compte parmi les « emblèmes du sang divin ».

 

Louis Charbonneau-Lassay

Dans le domaine de l’ésotérisme occidental, une place très particulière revient à Louis Charbonneau-Lassay, pour plusieurs motifs dont les moindres ne sont pas d’avoir entretenu longtemps une relation intellectuelle de grande qualité avec René Guénon, et d’avoir reçu le dépôt d’une des dernières organisations initiatiques chrétiennes d’Occident encore actives, autrement dit ininterrompues, au début du 20e siècle.

Le Bestiaire du Christ

Louis Charbonneau-Lassay est aussi l’auteur d’un ouvrage tout à fait unique, intitulé Le Bestiaire du Christ, qui fut publié en 1940 (réédité en 2006), comportant « mille cent cinquante-sept figures gravées sur bois par l’auteur », et qui constitue une somme irremplaçable sur la symbolique chrétienne et, par conséquent, sur l’ésotérisme occidental.

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Son auteur demeura durant des années en relation avec René Guénon et on peut même parler d’amitié intellectuelle entre les deux hommes. On rencontre, en effet, dans leurs œuvres de nombreux références à l’un ou l’autre de leurs articles, et ils collaborèrent ensemble à la revue Regnabit, le premier à partir de 1922, le second, en 1925-26. On sait que pour René Guénon, sa collaboration à Regnabit, « Revue universelle du Sacré-Cœur », se plaçait dans la perspective de la tradition chrétienne, « avec l’intention d’en montrer le parfait accord avec les autres formes de la Tradition universelle » Il dira d'ailleurs, à propos de son article « Le grain de sénevé » : « Cet article qui avait été écrit autrefois pour la revue Regnabit, mais qui ne put y paraître, l’hostilité de certains milieux « néo-scolastiques » nous ayant obligé alors à cesser notre collaboration, se place plus spécialement dans la « perspective » de la tradition chrétienne, avec l’intention d’en montrer le parfait accord avec les autres formes de la Tradition universelle », cf. Symboles fondamentaux de la Science sacrée. Les deux hommes se rencontrèrent à plusieurs reprises, durant les années 20. Pour René Guénon, Louis Charbonneau-Lassay faisait autorité pour tout ce qui concernait le symbolisme chrétien et, de fait, son œuvre témoigne assez de ses compétences en la matière. De René Guénon, Louis Charbonneau-Lassay parle, dans sa préface au Bestiaire du Christ par exemple, comme d’un « savant orientaliste »

René Guénon a su convaincre Louis Charbonneau-Lassay de l’importance de l’ésotérisme occidental, tout au moins au Moyen Age. Ainsi ce dernier relève-t-il, dans son introduction au Bestiaire du Christ, qu’à cette époque, « il existait des écoles « généralement très fermées, plus ou moins mal connues » pour ce motif, et qui n’étaient d’ailleurs point des écoles philosophiques, dont les doctrines ne s’exprimaient que sous le voile de certains symboles qui devaient sembler fort obscurs à ceux qui n’en avaient pas la clef ». On sait qu’une telle manière d’envisager l’ésotérisme – même si Louis Charbonneau-Lassay n’emploie pratiquement jamais ce terme – était fort peu fréquente dans les milieux catholiques qu'il fréquentait. Cependant, soucieux de toujours demeurer fidèle à « la plus stricte orthodoxie » de l’Église, il s’est éloigné progressivement de l’œuvre de René Guénon, vraisemblablement après la parution du Le Roi du Monde. Car une chose est d’affirmer qu’il existe une « signification cachée » des symboles, « qui est leur ésotérisme », selon sa propre expression, une chose de reconnaître que la plupart des symboles sont communs à toutes les traditions préchrétiennes, en particulier la « doctrine druidique » et non chrétiennes, une autre chose est d’admettre, après René Guénon, l’existence d’une Tradition primordiale, universelle, selon le terme qu’il employait alors dans Regnabit, dont chacune de ces traditions – et donc le christianisme – serait une des manifestations. A ce sujet, il en viendra même à parler d’une « super religion ».

En plus de René Guénon, Louis Charbonneau-Lassay fut également en relation avec un mystérieux « asiatique » du nom de Saï Taki Movi, dont il dira, à propos du svastika : « Je tiens du docte asiatique Saï-Taki-Movi des précisions réalistes et nettes sur le caractère que le svastika, si diversement interprété, a toujours eu et gardé en certains cénacles très réservés de la Mongolie et des régions voisines ». Quant à son identité, aux raisons de sa présence en France, elles restent inconnues.

L’Estoile internelle

Louis Charbonneau-Lassay se trouva recueillir le dépôt d’une « société mystique », dont les origines remontent au 15e siècle : L’Estoile internelle. - Elle incorporera plus tard une autre société : La Fraternité des Chevaliers du divin Paraclet. Ainsi affirme-t-il dans Le Bestiaire du Christ : « J’aurai l’occasion de citer plusieurs fois dans la suite de cet ouvrage, l’un de ces groupements secrets du Moyen-Âge qui s’est conservé jusqu’à nous, L’Estoile internelle, lequel possède des archives très anciennes, notamment un recueil de symboles, datant de la fin du XVe siècle ; il m’a été exceptionnellement communiqué par ce groupe même, pour le présent travail, après la publication de plusieurs chapitres dans l’ancienne revue Regnabit ».

Cette société présentait, à l’époque où il en aura connaissance, dans les années 30, des documents suffisamment complets pour envisager la possibilité d’une initiation chrétienne : « J’ai été plusieurs fois obligé déjà, pour être sincère et moins incomplet, de faire allusion à ces groupements mystiques et secrets du Moyen-Âge peu connus, comme, par exemple, à la Fede Santa, dont Dante paraît avoir été l’un des chefs, et qui était « une sorte de tiers-ordre de filiation templière », certains, parmi ces groupements hermétiques étaient en parfait accord avec la plus strict orthodoxie, tout en détenant parfois pour eux des secrets séculaires étrangement troublants ; c’est le cas de l’Estoile Internelle qui n’a jamais compté plus de douze membres, et qui existe encore avec les manuscrits originaux du XVe siècle, de ses écrits constitutifs et de doctrine mystique ». René Guénon lui-même avait répondu « d’une manière favorable quant au caractère orthodoxe et sain de cette organisation », toutefois, la trace de cette organisation se perd rapidement après la mort de Louis Charbonneau-Lassay – et on sait que Guénon lui-même en conclura que les possibilités d’initiation chrétienne étaient désormais totalement exclues en Occident, du moins dans des conditions « habituelles et régulières ».