4 février 1799 "Vous n'imaginez pas à quel point je
conçois peu qui vous êtes, combien je comprends peu à vrai dire ce que
vous fabriquez. Au fond, je ne sais rien, si ce n'est quelque chose de
l'humanité morale et de l'art poétique. Je lis avec plaisir tout ce que
vous nous envoyez de temps à autre, et je ne doute pas qu'un jour viendra
où même pour moi, les éléments séparés feront un tout, et où vos
publications me réjouiront autrement que parce que ce sont les vôtres. Ce
que vous créez tous ensemble est également pour moi un tapis volant."
20 février 1799
> En
réponse à une lettre de Novalis annonçant ses fiançailles avec Julie von
Charpentier"C'est donc vrai mon très cher ami?
Vous nous avez fait une grande joie. Vos amis n'avaient désormais d'autre
solution que de penser à vous seul sans tenir compte de votre avenir, et
vous nous avez si souvent défendu tout souci. Je le prenais comme tel. On
obéit si facilement à ce que l'on aime. Vous ai-je jamais demandé comment
les choses allaient se dénouer? Si cela pouvait continuer ainsi? C'est à
peine si je me le suis demandé. Dans ma foi j'étais tranquille - car
finalement j'ai plus de fois que vous tous - non pas que j'aie su que cela
se passerait ainsi ou que la tension irait nécessairement se briser
quelque sein, et que le céleste épouserait le terrestre. Ce que vous
qualifiez de séparation entre les deux est en réalité fusion. Pourquoi ne
pourrait-il pas en être ainsi? Le terrestre n'est-il pas tout aussi bien
céleste? Mais appelez-le comme vous voudrez, il suffit que vous soyez
heureux. Votre lettre est un vrai délice et elle m'est arrivée comme sur
des ailes." "Je vis entièrement
dans la technique parce que mes années d'apprentissage viennent à terme et
que les exigences de la vie bourgeoise approchent. J'essaie seulement de
me concentrer sur mes projets futurs et je pense accomplir cet été pas mal
de choses restées à l'état d'ébauches ou d'esquisses. La poésie, avec des
forces vivantes, avec des gens, et de toute façon, me donne de plus en
plus de plaisir. On doit construire autour de soi un monde poétique et
vivre dans la poésie."
Lettre de Novalis à Caroline Schlegel, 20
janvier 1799
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