Les Romantiques allemands, présentés par
Armel Guerne
Textes
rassemblés et présentés par Armel Guerne; traduits
par lui et par quelques élus.
Publié pour la
première fois en 1963, ce recueil mythique
rassemblant l’une des plus belles brassées de textes
qui se puissent rêver (la plupart en version
intégrale), considéré comme l’un des grands livres
de son époque, manquerait à tous les amoureux du
Romantisme allemand.
Hölderlin,
Jean-Paul, Tieck, Novalis, les frères Schlegel,
Arnim, Chamisso, Hoffmann, La Motte-Fouqué, Kleist –
soit les plus grands. Mais l’on découvrira aussi
quelques grands ignorés : Wackenroder, Contessa,
Bettina von Arnim et la touchante Caroline von
Günderode (la suicidée des bords du Rhin). Sans
oublier quelques romantiques tardifs mais de la
grande espèce : Eichendorff, Büchner, Grabbe,
Mörike…
Un florilège unique
en notre langue, tant par son abondance que par la
qualité des traductions retenues – notamment celles
d’Albert Béguin et de Guerne lui-même.
Phébus libretto,
Paris, octobre 2004

L'âme insurgée, Phébus,
Paris, 1977
Le
véritable besoin profond de notre époque est un
essentiel besoin d'âme : cette inquiète et sourde
faim spirituelle que nos consciences déshabituées et
nos organes inexercés ne savent même plus ressentir.
Besoin révélateur non d'un quelconque « mal du
siècle », mais d'une rupture centrale survenue au
sein de la machine humaine, en mal, désespérément,
d'un improbable - et pourtant très nécessaire -
rééquilibrage surnaturel : une maladie du ciel assez
grave pour être déjà inavouable ; une maladie
honteuse.
Cette
honte, les Romantiques d'hier, interrogeant déjà -
de plus loin que nous mais surtout de plus haut -
l'avenir qui nous attend, étaient parvenus à
l'exorciser. Et c'est à voix haute, avec la
véhémence des authentiques insurgés, qu'ils avaient
mis en garde leurs contemporains bourgeoisement
affairés à construire la société irrespirable que
nous habitons par force aujourd'hui.
On l'a
compris, le Romantisme dont il est question ici (et
qui a surtout explosé en Allemagne) - n'a pas
grand-chose à voir avec l'aimable école littéraire
qui se signala en France sous ce nom. Il s'agit
essentiellement d'une manière d'être. Qui étaient en
effet ces Romantiques d'outre-Rhin qui nous
paraissent aujourd'hui si actuels, si fraternels ?
D'abord des hommes qui refusaient de vivre dans un
monde où l'âme n'aurait plus sa place. Et qui
savaient poser, eux, les questions que nous n'osons
plus formuler, appelant - et parfois trouvant - des
réponses que nous ferions bien de méditer. Car pour
eux, c'est clair, la seule littérature digne de ce
nom est celle qui exige des mots qu'ils militent en
faveur de l'essentiel. Non pour satisfaire, par
désir conformiste de vaine séduction, telle ou telle
mode esthétique ou idéologique. Mais pour ce qui
vraiment fait vivre. |