NICOLAS BOUVIER

Le Dictionnaire

De Photographie à Visage

SOMMAIRE

Le Dictionnaire :

De Afghanistan à Musique

Oeuvres :

L'Usage du Monde

Le dehors et le dedans

Bibliographie

Documents :

Pourquoi Nicolas Bouvier

Hommage à Nicolas Bouvier  

 

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PHOTOGRAPHIE

"Je suis portraitiste. Si le paysage est superbe, je le prends et si la photo est bonne je me réjouis. Mais ce qui m'intéresse avant tout, c'est le visage des gens et encore plus, ce qui se passe entre le photographe et le modèle au moment où prend place cette opération à caractère magique"

RETOUR D'ASIE

"Revenir d'Asie pose des problèmes très précis.

En Suisse, retour d'Inde et du Japon, je me suis longtemps senti mal à l'aise. Les magasins, les rues m'inspiraient une répulsion irraisonnée. Noël qui approchait, la foule des acheteurs, les faces tartinées de santé, le bruit des sous, la couperose me donnaient le cafard. Le seul endroit où je respirais, où je croisais de vrais regards c'était - tenez-vous bien - l'hôpital. Pourtant c'était mon pays que je m'étais réjoui de revoir, pourtant on m'avait partout accueilli avec une gentillesse qui ne se démentait pas. Alors ? Je crois que c'était l'argent qui me gênait. L’argent engorgeait tout. Et à cause de cet argent, il n'y avait plus de foule ; elle était rompue, divisée comme une étendue de sable par les mailles éparses d'un filet. Il n'y avait que de petites fortunes, de petites coquilles, de petites solitudes meublées, feutrées, équipées, mais solitudes quand même. Dans les salles de billard, dans les autobus, j'entendais souvent cette phrase qui me paraissait stupéfiante : « Moi, je n'ai besoin de personne.» La communauté n'existait plus - communauté : le sentiment profond que le sort de n'importe lequel de vos semblables vous concerne et vous affecte en quelque façon, la conscience d'une interdépendance -, et pour qu'elle se recrée il fallait un de ces chocs - accident mortel sur la route, révolution hongroise - qui montrent bien que l'argent n’est pas tout et que ce qui nous rapproche des autres est plus fondamental que ce qui nous en éloigne." L'oeil du voyageur

SUISSE

"Pour moi, être suisse, c'était en premier lieu la montagne."

"Je m'intéresse beaucoup à la Suisse nomade. C'est l'archétype de la l'autre côté de la montagne. Qu'y a-t-il de l'autre côté de la montagne? C'est certainement mieux, mais on ne le voit pas. C'est aussi la claustrophobie alpine qui nous a fait nous répandre sur toute la planète."

VIE NOMADE

"La dialectique de la vie nomade est faite de deux temps: s'attacher et s'arracher. On n'arrête pas de vivre ce couple de mots tout au long de la route. On a peine à quitter les amis que l'on s'est faits, mais en même temps on se réjouit de la chance qu'on a de pouvoir se promener sur cette planète. On se dit, si cette amitié doit durer, elle durera Inch'Allah. Dans la plupart des cas, elle ne dure pas.

Mais j'ai été très aidé en voyage. Il faut dire que c'est tout à fait comme dans la Grèce homérique, lorsqu' on est sur ces très mauvaises routes. On prend son temps, on fait des rencontres, on se dit : tiens, il y a un remarquable joueur de cithare ou un cornemuseur renommé dans la province. S'il n'est pas là, on s'installe une semaine, on l'attend. Quand on l'a écouté, on a eu à peu près ce que la région pouvait vous donner de meilleur et quand on va plus loin, on a des choses à raconter, des musiques à faire entendre. Donc, le voyageur a lui aussi une fonction nourricière. Nous, on nous tuait de questions et moi aussi, quand j'ai voyagé seul. On n'arrive pas les mains vides, on apporte son écot."

VISAGE

"Je pourrais consacrer ma vie aux visages des autres"

"Ce que j'aime c'est qu'un visage, lorsqu'il n'est pas tourmenté ou psychotique, reflète une architecture du cosmos"