"Ma famille est
languedocienne. Département de l'Hérault. Languedoc de l'Est, Narbonnaise
de Rome, Septimanie du Bas-Empire. De la Scandinavie chalcolithique aux
marais du Pripet à travers le Mecklembourg et la Poméranie, puis des
steppes de la mer d'Azov au Languedoc en traversant toute l'Europe en
sang, la route de la hache noire est limpide si on admet ses
origines."
Jean Raspail, La hache des steppes,
Robert Laffont, 1974
"Wisigoth. Il me plaît de le
dire. Natifs du Comtat Venaissin, du sud de la Drôme, de l'Hérault, grands, blonds, et
même roux, nous le fûmes toujours, dans la famille, avec des yeux bleus ou verts. Ainsi
était François-Vincent, titulaire du boulevard Raspail, révolutionnaire
quarante-huitard, né à Carpentras. Ainsi était mon père, et son père avant lui, et
Gaston, chevalier de la Légion d'honneur, sous-lieutenant de la garde à pied, soldat du
bataillon sacré durant la retraite de Russie, dont mon arrière-grand-père Joseph, qui
l'avait connu, écrivait : "C'était à sa haute taille, qui est aussi la mienne,
qu'il avait dû l'honneur d'être enrôlé dans la garde. Blond de poil, tout comme son
propre père, lequel mesurait aussi près de six pieds, au village que nous habitions
avant de nous établir à Lunas, parmi des gens courts et noirauds, on les appelait :
Wisigoths..." Et il ajoutait : Ce n'était pas un surnom de familiarité. C'était
dit avec respect."
Jean Raspail, Pêcheur de lunes, Robert
Laffont, 1990
" Puis un livre avait paru, de Kandall
Kartis, et passé à peu près inaperçu. Plus de scandales, plus de succès. Ce livre
portait le un joli titre qui rappelait le précédent : Adieu mélancolique aux
peuples oubliés qui savent mourir seuls... L'explication de sa chasse triste, le
récit de ses découvertes. En Terre de Feu, il avait fermé les yeux de Lola, une vieille
Indienne de quatre-vingt-sept ans, la dernière des Onas. Du pont d'un aviso chilien
fourbu, il avait vu disparaître, sous la neige et le vent, un canot à rames qui
s'éloignait volontairement dans la tempête, refusant secours et contact. A son bord, des
Indiens fantomatiques, nomades de la mer dont on ne croise plus jamais la route. Les
Aïnous aussi, dans le Hokkaïdô, les Lucayens des îles Caïques, d'autres encore et
même une tribu de Huns, les Oumiâtes, qu'il disait avoir retrouvé au nord de la
principauté, perdue dans les forêts du Septentrion, mais personne ne l'avait cru."
Jean Raspail, Septentrion, Robert
Laffont, 1979 |