
Caroline von Günderode
I780-1806
« Il te faut
redescendre, disait-elle à Bettina Brentano, dans
le jardin enchanté de ton imagination, ou plutôt de la
vérité, qui se reflète dans l’imagination. Le génie se
sert de l’imagination pour rendre sensible par la forme
ce qui est divin et ce que l’esprit de l’homme ne
saurait comprendre à l’état idéal. Oui, tu n’auras
d’autres plaisirs dans ta vie que ceux que se promettent
les enfants par l’idée de grottes enchantées et de
fontaines profondes. Quand on a traversé ces murailles,
on trouve des jardins fleuris, des fruits merveilleux,
des palais de cristal, où résonne une musique
jusqu'alors inconnue, où les rayons du soleil forment
des ponts par lesquels on arrive jusqu'au centre de
l'astre. Ce qui est écrit dans ces compositions
deviendra pour toi une clef avec laquelle tu ouvriras
peut-être des royaumes inconnus. C'est pourquoi n'en
perds rien, et ne te défends pas de l'envie d'écrire;
mais apprends à penser avec douleur, car sans cela
jamais le génie ne naît à la vie de l'esprit; quand il
se sera fait verbe en toi, tu jouiras de
l'inspiration."»
« Beaucoup apprendre,
beaucoup comprendre par l’esprit, et mourir jeune ! Je
ne peux pas voir la jeunesse m’abandonner »,
disait-elle encore.
Bettina
Brentano à Caroline Von Günderode :
« Vis, jeune Günderode, ta jeunesse, c'est la jeunesse
du jour, l'heure de minuit la fortifie,
les étoiles te parlent et te promettent que si tu élèves
vers elles ton esprit elles se lèveront en chœur,
brûlantes de joie, et accompagneront de leur chant
enflammé l'entrée de la nouvelle année...
...
N'abandonne pas les tiens, ni moi avec eux. Aie foi dans
ton génie, afin qu'il grandisse en toi et règne sur ton
cœur et ton âme. Et pourquoi désespèrerais-tu?...
Comment peux-tu pleurer ta jeunesse? Je ne peux pas
supporter tes divagations sur la vie et la mort... ».

Bettina Brentano devant
la maquette du monument dédié à Goethe
« Bien souvent au cours
des années passées, j’ai cherché l’énigme de ma vie et
je me suis demandé pourquoi j’étais en ce monde. Eh
bien, ce monument est l’énigme de ma vie… »
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