► Maryam Bawardi

« Biche altérée, courant après l’eau vive, colombe exilée cherchant son nid, telle nous apparaît la bienheureuse Marie sur l’icône qui est une épiphanie de son « cœur ». Nous la voyons bondir sur les collines du Carmel, subjuguée par le Buisson ardent et irrésistiblement attirée par la Nuée où Dieu demeure »

Maryam Bawardi

Icône de l'Atelier du Carmel de l'Unité (Harissa)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Maryam Bawardi

Repères chronologiques

1908, le 20 septembre, L.M. prononce un vœu de transverbération, manifestement inspiré de l'exemple de Maryam Bawardi.

1935, un an après le 9 février 1934, à Damiette, visite pieuse de Louis Massignon et de Mary Kahîl au village natal de Marie de Jésus Crucifié : « Maryam Bawouardi, carmélite. On monte une côte assez raide pour arriver à ce village [Abellin].  Nous prions la jeune sainte avec la foi en notre "Badaliya" qui était le lien indissoluble de notre union spirituelle.  Il [Louis Massignon] avait une foi aveugle dans tous les signes de Dieu ».

1948, Louis Massignon rappelle qu'« Abellin (est la) patrie d'une sainte carmélite arabe, Maryam Bawardi, fort invoquée par les chrétiens de là-bas dans leurs angoisses présentes. »

1949, les 17-20 août, prières de Louis Massignon, sur la tombe de Maryam Bawardi à Bethléem, pendant sa mission d'information auprès des réfugiés Palestiniens.  Dans son rapport, il évoque "cette pauvre Galilée persécutée où naquit, en 1846, la petite carmélite arabe, Maryam Bawardi, enterrée à Bethléem (où j'ai invoqué son aide au Carmel) sous le nom de Sœur Marie de Jésus Crucifié (m. 1878); dont la cause a été introduite en Cour de Rome".

 

          Maryam Bawardi est née en Palestine, à Abellin, le 5 janvier 1846. A l’âge de 12 ans, le 8 septembre 1858, elle est guérie miraculeusement d'une blessure mortelle (gorge tranchée) dont elle gardera une cicatrice et la voix brisée : « En pareil jour, j'étais avec ma Mère. En pareil jour, j'ai consacré ma vie à Marie. On m'avait coupé le cou et demain Marie m'avait prise » (8 septembre 1874). Elle dira aussi, à propos de sa guérison : « Je sais à présent que la religieuse qui m'a soignée après son martyre était la Sainte Vierge ». Trois ans plus tard, en 1861, elle rencontre dans les rues de Jérusalem un jeune homme mystérieux qui se présente à elle sous le nom de Jean-Georges et qui se propose de la conduire au Saint-Sépulcre : « Parvenue au lieu saint, raconte son biographe, Amédée Bruno, elle promet à son mystérieux guide de prononcer le vœu perpétuel de virginité s'il en fait autant.  Et c'est ainsi que, dans l'édicule sacré, sur le lieu même de la tombe glorieuse du Seigneur Jésus, ces deux jeunes gens devinrent des « fils de la Résurrection » en émettant le vœu définitif de chasteté ». Le 15 juin 1867, elle entre au Carmel de Pau où elle commence son noviciat.  En août 1870, six carmélites dont Maryam quittent Pau pour aller fonder un carmel en Inde, à Mangalore. C'est dans ce Carmel qu'elle prononce ses vœux perpétuels, le 21 novembre 1871, jour de la Présentation de Marie au Temple. Cependant, elle est renvoyée de Mangalore pour des motifs obscurs – mais « quand Dieu aime un de ses serviteurs, le signe de Sa prédilection est qu'Il incite les autres à le persécuter ». Elle retourne donc à Pau, pour trois années, puis repart une nouvelle fois, pour la fondation d'un autre carmel, à Bethléem (1875), où elle meurt, le 26 août 1878, à l'âge de trente-trois ans.

« Je me sens le cœur ouvert ; il y a comme une plaie ; et quand j'ai certaines idées et impressions de Dieu qui me touchent, c'est comme si on me touchait la plaie du cœur, et je tombe en faiblesse, je me perds. »

Parmi les charismes dont Maryam Bawardi fut comblée au cours de sa brève vie d'extatique, il faut mentionner les lévitations, qui rappellent Sainte Christine l'Admirable qui, lorsqu’elle désirait prier, « s'isolait à la cime des arbres ou sur de hauts clochers, afin d'y trouver la paix de l'esprit. », la bilocation, comme le Padre Pio de Foggia (mort en 1968), et surtout les stigmates dont cette transverbération du cœur, manifestation visible de la « blessure d'amour » intérieure, dûment constatée après sa mort, qui évoque naturellement Sainte Thèse d’Avila : « Apercevant en vision Ste Thérèse, elle lui dit : « Mère Thérèse, Jésus m'a percé le cœur! » (24 mai 1868, au carmel de Pau). Elle bénéficia aussi de nombreuses apparitions : des anges, des saints et plus particulièrement le prophète Élie, dont la première manifestation eut lieu le jour de sa fête, le 20 juillet 1867. Elle reçut enfin le don de prophétie, particulièrement à propos de la France : « C'est la Couronne d'épines que le dernier roi croisé, Louis XI de France, reçut d'Orient pour qu'elle refleurît un jour au « rosier », sur le blason de la « nation du Sacré-Cœur ».

            Les dons exceptionnels de Maryam Bawardi, qui sont les signes indiscutables de son élection, témoignent de son appartenance à la lignée des compatientes et des « vexillaires de la Passion ». Elle reste une figure de « substituée mystique » dont, au moins autant que les charismes et la sainteté, la naissance palestinienne et au sein de la chrétienté orientale (grec-catholique), constitue un « signe de Dieu » pour la Palestine et l’ensemble des chrétiens d’Orient, en faveur de qui elle intercède, sainte stigmatisée, substituée à ses frères palestiniens.

Louis Massignon et Maryam Bawardi

             Louis Massignon avait appris l'existence de Maryam Bawardi, deux mois à peine après sa conversion, en 1908, en Irak, par l’intermédiaire du Père Anastase-Marie de St Élie, carme de Bagdad, auteur d’une biographie en arabe de Maryam (1926). Depuis l'été 1908, quand Louis Massignon mentionne pour la première fois la bienheureuse Palestinienne, dans sa correspondance et dans son Journal, depuis ses pèlerinages à Abellin, en 1935, et à Bethléem, sur sa tombe, en 1949, jusqu’en 1957, quand il annonce que « la cause de béatification à Rome de la carmélite arabe, grec-catholique, Maryam Bawardi (Sœur Marie de Jésus Crucifié), née à Abellin et morte à Bethléem en 1878, avait été reprise », il a confié toute sa vie à celle qui, depuis sa mort, n'est pas autrement désignée par les chrétiens orientaux que par le nom d'al-Qiddisa, c'est-à-dire la Sainte.