ARMEL GUERNE, vingt-cinq ans après

Les 8 et 9 octobre 2005, à Tourtrès

Lot et Garonne ‑ Aquitaine

 

Portrait au béret

 

United States Office of War Information (1945)

 

 

Armel Guerne au Moulin

 

 

 

 

 

 

 

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Biographie d'Armel Guerne, Bibliographie

 

 Extraits d’œuvres d’Armel Guerne

 

« La vérité que j'expérimente péniblement, parfois, c'est qu'un poème ne commence en réalité qu'avec le lecteur, pas du tout avec le poète qui n'est là que pour transmettre. Un poème écrit, fût-il le plus beau du monde, n'est rien de rien tant qu'il n'est pas aimé par d'autres; il ne commence à exister qu'à partir du moment où il entre dans la chaleur d'un coeur et sourdement habite son silence. Tout son mystère est là. Je le sais. »

10 septembre 1973

Extraits des Lettres à Dom Claude Jean-Nesmy, éditions Le Capucin, 2005

 

Il nous parle interdit à grands mots de silence

Et parfois il se tait, le feu.

Il nous chante immobile une danse sans pas.

Tout ce qu’il prend il nous le donne

Ce dévorant. Qui le connaît ?

Il est le doucereux et le splendide,

L’éveil et le sommeil d’un même bond.

Le sauvage, c’est lui ; le féroce, c’est lui, le mortel

Ennemi et la source éternelle des ombres.

Plus magnifiquement que tous, il vit sa mort.

Le Temps des signes, éditions Le Capucin, réédition, 2005

 

« ‑ Messieurs de la réalité, ô plantes vénéneuses, vivant dans la réalité ainsi que dans une serre attiédie, le temps présent, qui n’est présent qu’à vos mémoires et jamais sous vos yeux, votre temps a passé. Il a passé sur nous. Et les hommes sont en retard, qui n’acceptent pas de souffrir à mort. »

Mythologie de l’homme, éditions Le Capucin, réédition, 2005

 

Salutation

 

«  A ceux qui ne sont pas allés chercher leur risque à hauteur de visage, faisant à d’autres qu’à eux-mêmes un devoir absolu d’aller prendre tout à leur place ;

 

A ceux qui ont cultivé dans les jardins de leurs entrailles les fleurs et les fruits monstrueux de la Peur, ‑ et que voici possédés : devenus la très-basse terre, le fumier de cette Peur ;

 

A ceux qui se sont exilés, triomphants, aux mystérieux domaines du non-amour ; aux subtils inventeurs du double-jeu de la survie et du profit ; aux fourmis de la honte ;

 

Les amoureux furieux et doux du jeu très simple de la Mort, à jamais cependant font leur SALUT muet.

Juin 1940-juin 1945

Danse des morts, réédition, Le Capucin, 2005

 

Lettre à Cioran, 1966

« Au Vieux Moulin, le 16 janvier 1966 »

Mon cher Mongol extérieur,

 

Je ne voulais pas lever le nez des Contes de Grimm avant d’en avoir fini avec le deuxième volume. Ce soir, dans la neige d’hiver qui fond, c’est la fête mouillée de ce terminus. Encore un, et basta ! […]

La vie ici a un sens, et j’entends avec ahurissement des nouvelles du monde, désespéré de ne pas avoir les formidables fortunes de mépris qui conviendraient. Il y a toujours un côté par lequel on en fait partie puisqu’on y vit – et c’est honteux. Ceux qui n’ont pas de Dieu à qui donner tout cet immense surcroît d’amour qu’on ne peut décidément pas donner aux hommes, à nos contemporains, qu’en font-ils ? Je me le demande. Plus j’avance, et plus j’aime Dieu. Le silence de Dieu.

Je n’ai sorti mon manteau que le 15 janvier. Est-ce imaginable ? Nous avons sur la table des anémones cueillies dimanche dernier, en pleine terre. Mais depuis, c’est l’hiver : la neige hier, et aujourd’hui l’affreux dégel, gloupch, glapch, sur une terre déjà saturée d’eau. Si je vous dis que l’existence est plus facile ici qu’en ville, vous ne me croirez pas, et pourtant c’est vrai : il y a encore beaucoup de choses qui sont à leur vraie place, et vivre avec elles est une harmonie. J’ai fait hier, dans la neige, de nuit, une promenade sur notre route : c’était une leçon de splendeur et de définitive humilité. Je voudrais si souvent que vous soyez ici, tous les deux, pour partager le trop !

Vôtre : A. Guerne »

Lettres de Guerne à Cioran, 1955-1978, éditions Le Capucin, 2001

 

« 1er janvier 1942.

Jour sans feu et sans pain. Il nous reste le gîte – comme pour tant d’autres qui n’en seront que malheureux. Je ne parviens pas à exprimer l’intime sentiment de réconfort, cette chose inconnue qui me rassure, quand les misères se font visibles, les difficultés et les souffrances évidentes et venant des circonstances. C’est comme si quelqu’un me confirmait, disant : Vois, toutes ces choses sont extérieures, le mal est en dehors, et vient à toi du dehors. Et je m’en sens inexplicablement préservé. »

Journal 1941-1942 et autres textes, éditions Le Capucin, 2000

 

 

 

Portrait d'Armel Guerne devant le Moulin de Tourtrès