CHANT V

ange

SOMMAIRE

Prologue

Chant I

Chant II

Chant III

Chant IV

Chant VI

Chant VII

Chant VIII

 

 

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Toi seul, 

ô mon Ange, 

Paré des beautés divines,

Est comparable à l'Être ravissant 

Qui vient me visiter dans le secret de mon cœur

C'est ta ressemblance avec Lui qui m'émeut,

Les sept lignes maternelles de ton visage,

Non ta chevelure, qui Lui est réservée,

Ni ton sourire qui me perce le cœur

Ni tes lèvres, muettes pour moi.

Ton langage,

C'est ton seul regard.

 

Commentaire

 Si le Fidèle d'Amour devait être privé du paradis du visage de l'amie, comment survivrait-il en ce désert obscur et sans images? Si l'Ange lui retirait son regard, il entrerait dans la nuit la plus désolée.

          Or, il ne cherche pas la Nuit dans la chevelure de l'amie, selon les mots de Imâd Nesîmî :

"Au gibet de Ta chevelure divine, ô roi, pendu, il y avait Mansûr; - / Qui n'est pas devenu Mansûr, qu'il ne soit pas pendu de Ta chevelure"

          Il cherche la Lumière dorée des saints de Dieu. - Et il n'aspire pas au zulf, à la chevelure noire de l'Ami, mais au blond vénitien des cheveux de l'amie, qui lui inspire sa vénération. De même, n'est-ce pas au Noir lumineux qu'il prétend, - mais à la Lumière émeraude.

          Le Fidèle d'amour connaît cependant l'épreuve la plus dure : il ne tient qu'à l'Ange qu'il soit abandonné au désert, loin de la beauté de l'amie, et ce serait comme s'il devait être sevré de la Parole divine. Aucune lumière ne lui parviendrait plus de son regard ami, et plus aucun mot ne s'entendrait dans ce néant où il serait plongé. C'est ce que le Fidèle d'Amour veut signifier, en évoquant le sourire de l'Ange - qui lui perce le cœur. Tant qu'il est de compassion, l'ami est sauf, mais s'il devenait cruel, il en mourrait de douleur.