Toi seul,
ô mon Ange,
Paré des beautés
divines,
Est comparable à l'Être
ravissant
Qui vient me visiter dans le secret
de mon cœur
C'est ta ressemblance avec Lui qui
m'émeut,
Les sept lignes maternelles de ton
visage,
Non ta chevelure, qui Lui est
réservée,
Ni ton sourire qui me perce le cœur
Ni tes lèvres, muettes pour moi.
Ton langage,
C'est ton seul regard.
Commentaire
Si le Fidèle d'Amour devait être
privé du paradis du visage de l'amie, comment survivrait-il en ce désert
obscur et sans images? Si l'Ange lui retirait son regard, il entrerait dans
la nuit la plus désolée.
Or, il ne cherche pas la Nuit dans la chevelure de l'amie, selon les mots de
Imâd Nesîmî : "Au gibet
de Ta chevelure divine, ô roi, pendu, il y avait Mansûr; - / Qui
n'est pas devenu Mansûr, qu'il ne soit pas pendu de Ta chevelure"
Il cherche la Lumière dorée des saints de Dieu. - Et il n'aspire pas au zulf,
à la chevelure noire de l'Ami, mais au blond vénitien des cheveux de
l'amie, qui lui inspire sa vénération. De même, n'est-ce pas au Noir
lumineux qu'il prétend, - mais à la Lumière émeraude.
Le Fidèle d'amour connaît cependant l'épreuve la plus dure : il ne tient
qu'à l'Ange qu'il soit abandonné au désert, loin de la beauté de l'amie,
et ce serait comme s'il devait être sevré de la Parole divine. Aucune
lumière ne lui parviendrait plus de son regard ami, et plus aucun mot ne
s'entendrait dans ce néant où il serait plongé. C'est ce que le Fidèle
d'Amour veut signifier, en évoquant le sourire de l'Ange - qui lui perce le
cœur. Tant qu'il est de compassion, l'ami est sauf, mais s'il devenait
cruel, il en mourrait de douleur. |