Ton regard m'a rendu visible la
beauté cachée de ton visage
Et cette beauté, c'est pour moi, Sa
beauté.
Tu as le regard vivant,
ô mon Ange,
Afin que je puisse connaître ton
visage et le contempler.
Il s'abîme dans la Lumière de la
Déité, le regard aux yeux clos par la mort,
Mais le Vivant,
ô mon Ange,
C'est ta beauté hors d'atteinte
Et ton regard qui la vivifie :
En délivrant une parcelle de cette
Lumière.
COMMENTAIRE
Sur le visage de beauté de l'amie, le
Fidèle d'amour déchiffre les sept lignes maternelles que Dieu y a inscrites
: la ligne que dessine la chevelure, les deux lignes des sourcils et les
quatre lignes des cils. Ce faisant, il voit l'Ange et contemple le visage de
l'Être ravissant.
C'est pour avoir croisé le regard vivant de Béatrice que le regard de
Dante, aux yeux clos par la mort, garde aujourd'hui encore le pouvoir
d'évoquer la vision béatifique dont il est comblé dans "le Paradis
de Son visage".
Ce que le premier des fedeli d'amore a vu - son Ange de lumière - et
qu'il contemple aujourd'hui - le visage de l'Ami -, il est possible aussi de
l'imaginer sur les traits incorrompus des saints, en se laissant irradier
par la Lumière de leurs Anges. Sur leurs yeux clos par la mort apparaît
alors le même visage incomparable du Bien Aimé.
Le regard de l'Ange est un regard vivant, parce que Dieu est Lui-même le
Vivant. Il est Lumière et dispense une parcelle de cette Lumière au
Fidèle d'amour qui croise amoureusement ce regard. C'est pourquoi toute
évocation du visage de l'Ange est un dithyrambe de la Lumière créée. |