Les Ahl al-Kahf (Gens de la Caverne) au Yémen

à Franck Mermier

Les Gens de la Caverne, les Ahl al-Kahf  selon le saint Coran, sont des Jeunes Gens qui, fuyant la persécution, prirent refuge dans une Grotte et que le Seigneur des Mondes ressuscita, après 309 ans d’un sommeil miraculeux, "afin qu’on sache que la promesse de Dieu est vraie et qu’il ne subsiste aucun doute concernant l’Heure " (Coran, XVIII, 21).

Il existe des sanctuaires dédiés aux Ahl al-Kahf  dans tout le monde arabo-musulman et jusqu’en Chine. Certains sont tombés dans l’oubli, d’autres continuent d’attirer les pèlerins. C’est le cas au Yémen de deux sites qui leur sont consacrés.

SOMMAIRE


Les Ahl al-Kahf selon le saint Coran
La Caverne de l'amour éternel
Sanctuaires & traditions populaires
Invocations aux Sept Dormants

Bibliographie

 

 

 

 

 

 

 

Retour à Ahl al-Kahf  - Libres destinations - Islam et islamologie

 

saber2.jpg (4476 octets)

Au premier plan, Bab al-Kahf, au pied du mont al-‘Arous

 

 

La mosquée, " un lieu béni " selon Ibn Mudjâwir

 

saber.jpg (3209 octets)

La "tombe" des Sept Dormants

 

 

 

 

Mosquée du djebel Sinan

Les tombes des Sept Dormants

 

sinam1.jpg (3266 octets)

La caverne

Le sanctuaire du djebel Saber

Le sanctuaire du djebel Saber se trouve en proximité de la ville de Taëz, très exactement sur le mont al-‘Arous, point culminant du djebel Saber. Son accès est facilité par une excellente piste. Il est connu depuis fort longtemps des voyageurs, puisque Ibn Mudjâwir en parle abondamment dans sa Description du Yémen, de la Mecque et d’une partie du Hedjaz :

"Il faut trois jours pour accomplir le tour de la montagne. Son sommet s’étend en longueur et en largeur. On y trouve de nombreux villages, des forteresses, beaucoup de jardins, des vignes et des terres cultivées. Quatre chemins y donnent accès. Les piétons aussi bien que les cavaliers ne peuvent emprunter d’autres voies tant cette montagne est accidentée."

Dans l’une de ses grottes, reposent les Gens de la Caverne, mentionnés dans le Saint Coran en ces termes : " Ils restèrent dans leur caverne trois cents ans auxquels on ajoute neuf années " (XVIII, 25). Carsten Niebuhr, en 1772, se verra refuser l’accès du Saber, mais déclarera : " Les Arabes du Yémen affirment qu’ils ont découvert la caverne des Sept Dormants, dans la montagne Saber, à sept heures de Taëz... "

La principale curiosité du sanctuaire est d’offrir une intéressante tradition locale que son gardien, Abu Muhammad al-Faqîh, rapporte de nos jours en ces termes :" Les Jeunes Gens fuyaient la persécution du roi Doqianus. A peu de distance de Taëz, ils pénétrèrent dans un puits toujours à sec, et se hissèrent à travers une faille au sein de la montagne jusqu'à son sommet. Ils s’endormirent  alors dans une caverne. Après 309 ans de sommeil, ils se réveillèrent. Le souverain de Taëz s’appelait alors Malik ‘Isa. Quand le miracle fut constaté, ils furent ensevelis dans leur caverne dont l’entrée fut entièrement close, à l'exception d’une seule ouverture, de la taille d’une main. Ensuite, un berger du djebel Saber construisit une mosquée à l’emplacement de la Caverne et des sept tombes."

A l’entrée de la Caverne se trouve une mosquée devant laquelle, ajoute la tradition, coule une source nommée al-kawthar. Au lieu-dit Ahl al-Kahf , "au milieu d’une plaine couverte de gazon ", s’élève un modeste hameau bâti autour de sa mosquée. Ce dernier se compose d’une mosquée, de cours et de plusieurs salles où se réunissent, les jours de fêtes, les pèlerins ainsi que les disciples d’un sûfî  algérien, Abd al-Rahmân Baqrî, dont le tombeau se trouve à l’extrémité du couloir central et qu’une niche dans le mur de la mosquée permet d’apercevoir. La mosquée, elle, présente deux mihrâb, face auxquels sont alignées deux séries de 7 et 5 piliers.

Les sept tombeaux sont dissimulés par une unique pierre au pied de laquelle, sur le côté droit, s’ouvre une anfractuosité qui communique avec Bâb al-Kahf . Lorsque le vent souffle du Nord, l’air s’y engouffre et remonte, à travers des couloirs souterrains, jusqu'à la Caverne. En 1909, Herman Burchardt avait constaté déjà le phénomène.

*

Le sanctuaire du djebel Sinam

Mosquée du djebel Sinam

Une imposante mosquée à coupoles, une cour et d’un vaste bassin d’ablutions le constituent. L’ensemble est ceinturé d’un haut mur. L’espace entre le bassin et la cour est délimité par un monument funéraire, très sobre et dépourvu d’inscriptions. Il s’agirait de la tombe du bâtisseur du sanctuaire.

Sur le côté est de la cour s’élève, surmonté de trois coupoles, l’étroite salle où se trouvent les sépultures des Sept jeunes Gens et de leur chien. L’emplacement de chaque tombe est marquée par une pierre dressée. Les sept tombes sont alignées côte à côte, légèrement surélevées par rapport à l’étroit couloir, couvert de tapis, où il est possible de prier. A l’extrémité de ce couloir, perpendiculaire à la plus éloignée des tombes, se trouve celle de Qitmir, leur chien, plus petite, mais marquée elle aussi d’une pierre dressée.

La caverne, elle, est rien moins que spacieuse (cf.  Coran, XVIII, 17). Il s’agit en fait d’une anfractuosité naturelle, d’une sorte d’abri sous-roche, à quelque 300 mètres au nord-ouest de la mosquée. Une source miraculeuse aurait jailli dans cette grotte au moment du réveil des Jeunes Gens, après qu’ils eurent prononcé la shahâda.